• [Roman] Ada, d’Antoine Bello

    Couverture du livre Ada, Antoine Bello, Folio

    Le pitch : Le policier Frank Logan est invité à enquêter sur la disparition d’Ada. Encore une disparition de jeune fille ? Pas du tout : Ada est une intelligence artificielle développée dans un laboratoire de la Silicon Valley. Elle est programmée pour écrire des romans à l’eau de rose…

    Référence : Ada, Antoine Bello, Gallimard, 2016, disponible neuf ou d’occasion chez vos Libraires Indépendants


    Avatar de Audrey Kist

    L’avis d’Audrey

    Note : 3 sur 5.

    Bref roman, facile à lire, pas désagréable. Nettement moins fascinant néanmoins que la trilogie des Falsificateurs (qui ne parle ni de cerveaux, ni de robots, mais qui est tellement une dinguerie je ne résiste pas à l’envie de vous mettre un lien vers le site de l’auteur !). Amusant si vous avez envie de lire des romans sur l’IA, si vous aimez l’anticipation et les policiers ; sinon, vous pouvez vous en passer.

    Puisqu’il s’agit d’une histoire d’IA publiée avant 2021, j’ai trouvé amusant de demander à ChatGPT de me faire un résumé du roman… et il m’a raconté n’importe quoi 😂


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    • [Roman] Ada, d’Antoine Bello

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    • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk au travers des avancées en IA, des principes de la physique quantique ou des religions orientales.

    • [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      Critique du roman visionnaire de Daniel Galouye, qui pose la question de la réalité : vivons-nous dans une simulation informatique

    • [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      Klara est une AA – une Amie Artificielle, c’est-à-dire un robot humanoïde doté d’une Intelligence Artificielle, dont le but est de tenir compagnie aux enfants et adolescents.

  • [Veille] Des rats musiciens, des pingouins conscients… et des animaux en danger

    [Veille] Des rats musiciens, des pingouins conscients… et des animaux en danger
    Strip trouvé ici

    Les animaux sont-ils des êtres conscients ? La position de la communauté scientifique est ambivalente : d’un côté, on dénie aux animaux non-humains la conscience ; de l’autre, nombreuses sont les recherches sur la conscience, la cognition, la mémoire, les neurosciences humaines… pour lesquelles on utilise des animaux. Ne serait-ce pas contradictoire ? En tout cas, en 2020, le mot sentience fait son apparition dans le Petit Larousse pour désigner une propriété minimale de la conscience qui s’applique bien aux animaux :

    Sentience (du lat. sentiens, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie.

    Le Petit Larousse, 2020

    Dans cette revue, on parle de la recherche en neurosciences et sciences cognitives impliquant des animaux.

    Des rats battent la mesure sur du Mozart

    Rat qui ouvre une boîte de CD pour accéder à un disque audio, avec une partition musicale et un casque audio

    Battre la mesure sur de la musique est-il typiquement humain ? On le pensait, mais non : les rats ont aussi cette compétence. Elle dépend d’une constante temporelle dans le cerveau, qui est similaire entre les différentes espèces. A lire :

    Ito, Y., Shiramatsu, T. I., Ishida, N., Oshima, K., Magami, K., & Takahashi, H. (2022). Spontaneous beat synchronization in rats : Neural dynamics and motor entrainment. Science Advances, 8(45), eabo7019. https://doi.org/10.1126/sciadv.abo7019

    Des signes de conscience de soi chez les manchots Adélie

    Un pré-print de novembre 2022 présente les résultats d’une étude sur une population de manchots Adélie, qui semblent indiquer une conscience de soi dans cette espèce. A lire :

    Dastidar, P. G., Khan, A., & Sinha, A. (2022). Possible Self-awareness in Wild Adélie Penguins Pygoscelis adeliae (p. 2022.11.04.515260). bioRxiv. https://doi.org/10.1101/2022.11.04.515260

    Un petit jeu proposé par la revue Nature pour découvrir le monde : trouvez le pingouin Leif Penguinson sur cette image ! Pour en savoir plus, connaître la réponse et découvrir de nouvelles images, c’est sur le site de la revue Nature.

    1 500 animaux seraient morts dans les laboratoires de Neuralink depuis 2018

    L’entreprise Neuralink cherche à concevoir un implant d’interface cerveau-machine (comme on l’a déjà mentionné ici ou ). Des dizaines d’employés travaillant sur le projet se seraient plaints de mauvaises conditions d’expérimentation entraînant des mauvais traitements : depuis 2018, l’entreprise aurait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes. Une enquête fédérale est en cours depuis plusieurs mois. A lire :


    ▶ Nos articles en lien avec cette actu :

  • [Veille IA] Des IA pour contrôler les foules, espionner, parler avec les morts, taper sans clavier

    [Veille IA] Des IA pour contrôler les foules, espionner, parler avec les morts, taper sans clavier
    IA Intelligence artificielle
    Case 1 : « La bonne nouvelle c’est que nous commençons à recevoir beaucoup d’engagement sur notre contenu généré par l’IA. » « Génial ! Quelle est la mauvaise nouvelle ? »
    Case 2 : « Apparemment la plupart de ces engagements proviennent de trafics générés par des IA. »

    Dans la veille IA de cette semaine, on passe du surprenant à l’effrayant… La France prévoit d’utiliser l’IA pour contrôler les foules aux JO 2024, une technologie Big Brother permet aux gouvernements de pirater n’importe quelle caméra intelligente, des services pour parler avec les morts, un spray pour la peau qui utilise l’IA pour vous permettre de taper sans clavier, des IA qui envoient des personnes à tort en prison, d’autres qui jouent le rôle d’avocats, et Microsoft qui veut utiliser ChatGPT pour son moteur de recherche Bing.

    La France prévoit d’utiliser un système de contrôle des foules assisté par l’IA pour les JO 2024

    IA Intelligence artificielle JO

    Les autorités françaises prévoient d’utiliser un système de contrôle des foules assisté par l’IA pour surveiller les personnes pendant les Jeux olympiques de Paris en 2024, selon un projet de loi. Le système est destiné à permettre aux services de sécurité de détecter plus facilement les perturbations et les problèmes potentiels, mais n’utilisera pas la technologie de reconnaissance faciale. La technologie pourrait être particulièrement utile lors de la très ambitieuse cérémonie d’ouverture en plein air qui verra les Olympiens descendre la Seine devant une foule géante de 600 000 personnes.

    Pour en savoir plus :

    Une technologie Big Brother permet aux gouvernements de pirater n’importe quelle caméra intelligente

    two person standing under lot of bullet cctv camera
IA Intelligence artificielle
    Photo by Burst on Pexels.com

    Une nouvelle technologie effrayante entre les mains des agences de renseignement gouvernementales a la capacité de réquisitionner n’importe quelle caméra intelligente et même de « modifier les flux » pour manipuler à la fois son son et ses visuels.

    Le logiciel de type Big Brother – utilisé par l’agence de renseignement nationale Mossad – est négocié depuis 2018 auprès des États du monde par la société d’un ancien cyberchef des forces de défense israéliennes, Toka.

    Mais ce n’est que récemment que la véritable puissance de cet outil de piratage supérieur a été révélée. Ses clients top secrets ont des capacités auparavant hors de portée pour localiser toutes les caméras de sécurité et web dans un périmètre donné avec la possibilité d’exploiter les flux pour les regarder, les pirater ou même les modifier- y compris les images précédentes – à leur discrétion.

    Pour en savoir plus :

    Utiliser l’IA pour parler avec les morts

    Effrayant ou cool ? De nouveaux services basés sur l’IA et permettant aux gens de garder leurs proches « en vie » prolifèrent – offrant, par exemple, une conversation interactive avec un père récemment décédé qui a pris le temps d’enregistrer une interview vidéo avant son décès. On vous avait déjà raconté une histoire de dead-bot ici.

    IA Intelligence artificielle
Storyfile

    Storyfile permet d’enregistrer des souvenirs video de son vivant. Après avoir partagé son Storyfile, la famille et amis peuvent échanger avec l’outil, dans un semblant de conversation avec le défunt.

    Amazon a récemment présenté une fonctionnalité expérimentale d’Alexa (l’assistant vocal) qui peut lire des livres à haute voix avec la voix d’un parent décédé, en extrapolant à partir d’un extrait de la voix enregistrée de cette personne.

    MyHeritage, le site de recherche d’ascendance, propose désormais « Deep Nostalgia », un outil pour animer des photographies anciennes de vos proches.

    HereAfter AI vous permet d’enregistrer des histoires sur vous-même et de les associer à des photographies, afin que les membres de votre famille puissent vous poser des questions sur votre vie et vos expériences.

    Microsoft a obtenu un brevet pour créer des « chatbots » qui imitent des personnes individuelles (mortes ou vivantes) en fonction de leurs publications sur les réseaux sociaux et de leurs messages texte.

    Pour en savoir plus :

    Un spray pour la peau utilise l’IA pour vous permettre de taper sans clavier

    Une nouvelle peau intelligente développée à l’Université de Stanford permet de taper sur des claviers invisibles, identifier des objets uniquement au toucher ou permettre aux utilisateurs de communiquer par des gestes de la main avec des applications dans des environnements immersifs.

    Dans un article qui vient d’être publié dans la revue Nature Electronics, les chercheurs décrivent un nouveau type de matériau biocompatible extensible qui est pulvérisé sur le dos de la main, comme un spray solaire. Intégré dans le maillage se trouve un minuscule réseau électrique qui détecte l’étirement et la flexion de la peau et, à l’aide de l’IA, les chercheurs peuvent interpréter une myriade de tâches quotidiennes à partir de mouvements et de gestes de la main. Les chercheurs disent que cela pourrait avoir des applications et des implications dans des domaines aussi variés que les jeux, les sports, la télémédecine et la robotique.

    Jusqu’à présent, plusieurs méthodes prometteuses, telles que la mesure des activités électriques musculaires à l’aide de bracelets ou de gants portables, ont été activement explorées pour permettre diverses tâches manuelles et gestes. Cependant, ces dispositifs sont encombrants car plusieurs composants sensoriels sont nécessaires pour identifier les mouvements au niveau de chaque articulation. De plus, une grande quantité de données doit être collectée pour chaque utilisateur et tâche afin de former l’algorithme. Ces défis rendent difficile l’adoption de tels dispositifs.

    Cette nouvelle peau intelligente en revanche, est bien plus pratique, simple et adaptable.

    Pour en savoir plus :

    Des IA qui envoient des personnes à tort en prison

    Randall Reid dit qu’il n’est jamais allé en Louisiane, et encore moins volé 10 000 $ de sacs à main Chanel et Louis Vuitton là-bas. Cela n’a pas empêché la police d’arrêter le résident géorgien de 28 ans pour le vol, commis dans une banlieue de la Nouvelle-Orléans, sur la base d’un outil de reconnaissance faciale. Il a été enfermé pendant près d’une semaine.

    Ce n’est pas la première fois que ça arrive, le New York Times rapportait des cas similaires en 2020.

    IA Intelligence artificielle
Joy Buolamwini
Algorithmic Justice League
    Joy Buolamwini durant un TED talk

    Joy Buolamwini, créatrice de l’association Algorithmic Justice League, et collaboratrice sur le documentaire Coded Bias (disponible sur Netflix et que je vous recommande) s’est engagée dans la lutte contre les discrimations des algorithmes de reconnaissance faciale après s’être rendue compte que ces outils étaient très performants sur les visages des personnes blanches et très mauvais sur les visages des personnes noires. En particulier, son visage était méconnaissable dans de nombreux systèmes de reconnaissance faciale mais fonctionnaient lorsqu’elle portait un masque blanc…

    Pour en savoir plus :

    Et des IA « avocates »

    IA Intelligence artificielle
Justice
Avocat
    Image générée par une IA (https://lexica.art/)

    En février, une IA de la société DoNotPay est configurée pour dire à un accusé exactement quoi dire et quand pendant toute une affaire judiciaire. Il s’agira probablement du tout premier cas défendu par une intelligence artificielle.

    L’IA fonctionnera sur un smartphone et écoutera tous les discours dans la salle d’audience en février avant d’indiquer à l’accusé ce qu’il doit dire via un écouteur.

    Pour en savoir plus :

    Microsoft veut utiliser ChatGPT pour son moteur de recherche Bing

    Dans un précédent article, on vous avait présenté ChatGPT, le chatbot qui répond à toutes les questions de façons synthétiques et performantes. Dès sa sortie, de nombreuses personnes questionnaient l’avenir de Google Search. La direction de Google elle-même prend le sujet très au sérieux.

    L’idée n’est pas passée à côté de Microsoft qui envisage d’intégrer ChatGPT à son moteur de recherche Bing. En effet, Microsoft a un partenariat avec OpenAI (la société qui a développé ChatGPT) depuis 2020, lui permettant de disposer d’une licence exclusive sur l’utilisation de GPT3, le modèle de langage utilisé par ChatGPT. Microsoft dispose donc là d’une opportunité en or pour détroner Google. Comme le dit Damien Douani, Google pourrait se faire « kodakiser », c’est-à-dire suivre la même tragédie de Kodak qui avait inventé l’appareil photo numérique sans miser dessus.

    Pour en savoir plus :


    Retrouvez nos derniers articles :

  • Méditation, musique, sport et santé mentale : débunker les fausses bonnes nouvelles et célébrer les vraies

    Méditation, musique, sport et santé mentale : débunker les fausses bonnes nouvelles et célébrer les vraies

    Ces derniers jours, j’ai vu passer pas moins de 3 titres racoleurs sur d’apparentes bonnes nouvelles en psychiatrie. Vu leur teneur, je les ai partagées avec enthousiasme, et un excès de rapidité … jusqu’au moment où j’ai cherché à en savoir plus :

    • La méditation est-elle aussi efficace qu’un antidépresseur pour réduire le stress chez les patient·e·s anxieux·ses ?
    • Apprendre la musique permet-il d’affronter la dépression ?
    • Faire du sport est-il efficace pour lutter contre le syndrome de stress post-traumatique (PTSD) ?
    de Peanuts https://peanuts.fandom.com/wiki/Lucy%27s_psychiatry_booth

    Comparaison des effets de la méditation et des antidépresseurs sur l’anxiété… sous réserve d’avoir une fréquence de pratique irréaliste pour des patient·e·s

    Deux personnes qui pratiquent la méditation. Celle à droite est très concentrée tandis que celle de gauche ouvre des yeux inquiets. Anxiété ?
    Photo de Gustavo Fring sur Pexel

    La publi scientifique, à consulter dans JAMA Psychiatry, a comparé les effets de la méditation de pleine conscience à ceux de l’Escitalopram, un antidépresseur, sur la réduction du stress chez des patients atteints de Troubles Anxieux.

    Hoge EA, Bui E, Mete M, Dutton MA, Baker AW, Simon NM. Mindfulness-Based Stress Reduction vs Escitalopram for the Treatment of Adults With Anxiety Disorders: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. Published online November 09, 2022. doi:10.1001/jamapsychiatry.2022.3679

    La news annoncée au grand public est : « Étude : la méditation réduit l’anxiété autant qu’un antidépresseur« , sur le site de AirZen Radio. Autant dire que sur LinkedIn, les commentaires s’emballent (pas de lien direct pour préserver l’anonymat) : prendre le temps de vivre est un art qui se perd, les antidep c’est BigPharma, etc. Et l’étude semble bonne : réalisée en simple aveugle (le mieux qu’on puisse faire vu la nature de la comparaison), sur une large cohorte de patient·e·s.

    Mais alors, pourquoi râlé-je ?

    Parce qu’on oublie un peu de quoi on parle. L’étude compare l’efficacité d’un traitement de 10/20 mg d’escitalopram par jour, à… 2h30 de cours hebdomadaires additionnés de 45 minutes de pratique quotidienne de la méditation. Pour reprendre le commentaire éclairé d’un prof de yoga :

    C’ est totalement irréaliste de penser que les gens vont méditer 45mn par jour sur la longue durée. Leur proposer ne peut que les culpabiliser parce qu’ ils ne vont pas y arriver et donc se mettre mal, et ca va donc en rajouter 1 couche.
    Je ne suis pas loin de penser que la méditation est 1 pratique Pour les gens qui ont des sous, qui sont en arrêt de travail ou à la retraite.
    En ce sens , les médocs sont utiles.

    Sur LinkedIn

    ou encore d’un psychiatre :

    Méditer quand on présente un épisode dépressif sévère avec ou sans symptômes psychotiques, avec syndrome somatique F32.31 ou F32.21 c’est tout simplement impossible…

    Sur LinkedIn

    Pourquoi c’est même carrément dangereux d’écrire un titre pareil

    • Annoncer sans nuance une équivalence entre traitement et méditation, ça pourrait faire croire que les antidépresseurs sont bons pour la poubelle. « Vous êtes atteint-e de trouble anxieux, diagnostiqué par un-e médecin qui vous a fourni un traitement ? Balancez tout à la poubelle, vous n’avez qu’à méditer ! ». On ne le répétera jamais assez, déjà c’est FAUX et en plus c’est DANGEREUX de ne pas se soigner ou de faire n’importe quoi avec son traitement.
    • Deuxième effet kiss-cool, vu dans des commentaires sur LinkedIn, celui de culpabiliser les patient·e·s, à base de « prendre du temps pour soi c’est la base, si vous n’êtes pas capable de prioriser votre vie, pas étonnant que vous tombiez malade : c’est un peu votre faute ! » . Oui, j’ai lu des commentaires qui allaient dans ce sens. En 2023, on n’a pas encore le c*l sorti des ronces du « Tu n’es pas dépressif·ve mais une grosse feignasse, sors-toi les doigts et prends l’air / mange bio / fais de l’aquaponey ». Ca m’énerve. Vous le sentez ?

    Bref, on est encore un peu loin de pouvoir affirmer que 5 minutes de méditation chaque matin éloigne le médecin.

    Apprendre le piano aide à affronter la dépression… chez les personnes qui ne sont pas dépressives. Ou pas.

    Parfois, magic happens entre la publi scientifique originale et la presse grand public. La recherche originale est publiée par une équipe de l’Université de Bath dans Nature Scientific Reports. Vous la trouverez ici. Elle s’intitule : « une étude randomisée contrôlée montre que quelques semaines de cours de musique améliorent le traitement audio-visuel temporel ».

    Che, Y., Jicol, C., Ashwin, C. et al. An RCT study showing few weeks of music lessons enhance audio-visual temporal processingSci Rep 12, 20087 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-23340-4

    Par un mystérieux tour de passe-passe, la news grand public est devenue : « Jouer du piano réduit l’anxiété et aide à affronter la dépression, bien plus qu’écouter de la musique : ce sont les conclusions d’une récente étude de l’université de Bath, en Angleterre. », sur Radio Classique. On passe donc d’une étude « cognitive » à un résultat « psycho-bien-être ». Au passage, Radio Classique : ça serait sympa de lier directement l’étude scientifique dans votre article… citez vos sources !

    Un résultat survendu, qui n’est pas l’objet de l’étude

    Pourquoi c’est un peu survendu : je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis un titre pareil, déjà, ça implique qu’on a testé l’efficacité des cours de musique sur une population de patient·e·s. Ce n’est pas le cas ici : il s’agit de comparer l’effet de l’apprentissage musical sur le stress de personnes qui ne sont pas des patient·e·s, ni avec un diagnostic de Trouble Anxieux, ni avec un diag de Dépression, rien. Rien ne garanti que les effets observés chez des patient·e·s seraient les mêmes, et encore moins qu’ils seraient de redescendre les scores anxiété, dépression et stress à un niveau sub-clinique, c’est à dire de guérir. Alors parler de lutter contre la dépression, chez des personnes qui ne sont pas dépressives… bon, voilà, quoi.

    Pourquoi c’est à côté du sujet : en réalité, l’objet de cette étude est d’évaluer l’effet de l’apprentissage musical sur des capacités multisensorielles et émotionnelles. Le raisonnement : la musique est multisensorielle (toucher/motricité, ouïe, vue…) et les musiciens ont des capacités de détection de discordances audio-visuo-temporelles augmentées, ainsi que des capacités de reconnaissance des émotions augmentées (en lien avec l’interprétation musicale). Ces capacités sont-elles innées chez les musiciens, ou acquises grâce à la pratique musicale ? L’étude confirme que les capacités multisensorielles sont améliorées, mais ne montre pas de différences sur les capacités de reconnaissance des émotions. Les mesures concernant l’évolution des scores de dépression, anxiété, stress, humeur… sont des résultats annexes, l’étude n’a pas été faite pour ça.

    Les calculs sont pas bons, Kevin

    Pourquoi c’est limite bidon : pour moi, la grosse faiblesse du résultat (passons sur la nature et la taille de l’échantillon) est statistique. L’outil statistique utilisé ici pour mesurer l’effet des cours de musique est juste… incorrect. Autrement dit, c’est des maths, et

    Gif animé d'Inès Reg extrait de son sketch viral, avec le texte "les calculs sont pas bons Kevin"

    Tout le monde n’est pas formé sur le sujet, je vous l’accorde. Afin de vérifier qu’il se passe bien quelque chose de significativement différent dans le groupe « cours de musique », les auteur·ice·s utilisent 2 méthodes différentes :

    • un calcul composé de trois tests simples : trois « T-tests », ou tests de Student. D’après cette méthode, iels montrent une réduction du score « émotions négatives » dans le groupe « cours de musique ». Ce test est normalement utilisé pour comparer 2 groupes. Or, ici, on a bien 3 groupes.
    • un autre calcul selon la méthode « ANOVA », ou Analyse de la Variance. Au contraire du premier calcul, ce dernier montre une absence de différence significative des résultats entre le groupe « cours de musique », le groupe « écouter de la musique », et le groupe contrôle.

    Je vous le donne en mille, la méthode correcte pour analyser les données collectées aurait dû être l’ANOVA. Tous les profs le disent, tous les cours de stat le disent, même Google le dit :

    Oui, ça fait une différence…

    Quelle différence ? Lorsque l’on utilise des T-tests que l’on répète plusieurs fois à la place d’une ANOVA, on risque de trouver des faux positifs : on va croire qu’il y a un effet, alors qu’en réalité, il n’y a pas de vraie différence entre les groupes que l’on compare. C’est exactement ce que l’on voit ici ! Les auteur·ice·s le savent très bien, sinon ils n’auraient pas pris la peine de reporter cette méthode qui leur est défavorable. Le lecteur, la lectrice peu à cheval sur la méthodo pourra ainsi piocher le résultat qui l’intéresse. Perso, je trouve ça limite malhonnête… mais selon un de mes directeurs de thèse, je suis psychorigide. Who knows 🤷‍♀️

    Une vraie bonne nouvelle : l’activité sportive permet d’optimiser les thérapies d’exposition pour traiter le stress post-traumatique

    Une femme tatouée en tenue de sport avec gants de boxe fait un gros câlin à un punching ball. Le sport pour apaiser le stress.
    Photo de Andres Ayrton sur Pexel

    Tout n’est pas gris et non, je ne fais pas que râler. Une chouette étude australienne est parue dans The Lancet, intitulée « potentialiser la psychothérapie centrée sur les traumas pour le syndrome de stress post-traumatique avec un bref exercice aérobie en Australie : étude clinique randomisée ».

    Bryant, R. A., Dawson, K. S., Azevedo, S., Yadav, S., Cahill, C., Kenny, L., Maccallum, F., Tran, J., Rawson, N., Tockar, J., Garber, B., & Keyan, D. (2023). Augmenting trauma-focused psychotherapy for post-traumatic stress disorder with brief aerobic exercise in Australia : A randomised clinical trial. The Lancet Psychiatry, 10(1), 21‑29. https://doi.org/10.1016/S2215-0366(22)00368-6

    Cette étude a été reprise sur le site web de l’Université de Sydney (UNSW) en Australie, sous le titre : « 10 minutes d’exercice réduit les symptômes du stress post-traumatique« . Il ne s’agit pas à proprement parler de presse grand-public, mais l’article est rédigé dans ce style. Je n’ai rien vu passer en français.

    Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, non, ce n’est pas le sport seul qui va réduire les symptômes, et on parle d’un certain type de sport. L’article, lui, est dépourvu d’ambiguïté : ajouter 10 minutes d’exercice intensif après chaque séance de thérapie d’exposition permet d’en optimiser les résultats, contrairement à 10 minutes de simple étirement. On parle d’un exercice de type cardio, qui mobilise tous les groupes musculaires. L’effet n’est pas visible juste après le traitement, mais il est bien mesuré après 6 mois de traitement. Il s’expliquerait par une action sur la plasticité cérébrale, permettant un meilleur apprentissage de l’extinction de la peur dans les situations liées au trauma. L’étude a été menée sur 130 patient·e·s, pendant six mois.

    Pas de conclusion hâtive, mais une nouvelle qui donne espoir

    J’ai un petit doute sur la méthode statistique utilisée. J’ai donc demandé aux auteur·ice·s une copie du manuscrit pour avoir les détails. Bon point pour l’article australien qui reporte les précautions de l’investigateur Richard Bryan : il ne s’agit pas de crier victoire trop vite, de nombreuses études sont encore nécessaires, mais l’étude est encourageante.

    I’d really like to emphasise that this is the first trial that’s shown this in an anxiety disorder and I don’t think we should get too excited by it. But as with all of these things, you always need multiple trials to actually have any faith in it. So I’m certainly not telling people to run out and start doing exercise after all your exposure therapy, because I think it’s premature after one trial. But having said that, this is very encouraging.

    Traduction perso : Je veux vraiment insister sur le fait que c’est le premier essai où l’on a montré ça dans un trouble anxieux, et je ne crois pas qu’il faille trop s’enthousiasmer. Comme à chaque fois dans ce type de recherche, il faut des essais multiples pour pouvoir croire en ce résultat. Donc clairement, je ne dis pas aux gens de sortir courir et faire du sport après vos séances de thérapie, parce que c’est prématuré après un seul essai. Mais cela étant dit, c’est très encourageant.

    Richard Bryan pour UNSW

    Faire du sport à dose réaliste est donc une piste pour maximiser les effets d’une thérapie établie. C’est encourageant : ça, c’est une vraie bonne nouvelle !


    ▶ D’autres articles sur le thème Psy :

  • [Veille IA] Des robots tueurs, une IA qui bluffe, des aspirateurs espions

    [Veille IA] Des robots tueurs, une IA qui bluffe, des aspirateurs espions
    Case 1 : « Je suis une Intelligence Artificielle. Je sais tout. »
    Case 2 : « Et je vais prendre le pouvoir » « OK » « D’accord » « Fais nous des pizza rolls » « On veut un nouveau Zelda »
    Case 3 : « Résouds nos problèmes » « Où sont mes clés de voiture ? » « Vous pouvez être noutre nouvelle maman. »
    Case 4 : « Maman, mes fesses me piquent. » « Il est 3h du matin » « Je n’avais pas suffisamment réfléchi. ».

    Voici la veille IA de ces dernières semaines ! Au menu, des robots tueurs, une IA qui bluffe mieux que les êtres humains, une IA développée par Disney pour vieillir ou rajeunir des acteurs, un outil d’OpenAI pour générer des images 3D, la direction de Google en PLS face à ChatGPT, et des robots aspirateurs espions.

    Des robots tueurs dans la ville

    Une news qui fait peur : la ville de San Franciso est en discussion pour autoriser l’utilisation de robots tueurs par les forces de police. Ceux-ci seraient téléguidés et équipés de charges explosives…

    Pour en savoir plus :

    DeepMind a sorti une IA qui bluffe mieux que les humains

    veille IA DeepNash
    Image issue du site de DeepMind

    On avait vu dans une précédente veille sur l’IA que Meta avait créé une IA, CICERO, capable de maitriser le jeu Diplomacy. Deepmind (filiale d’Alphabet, comme Google) s’est également positionné sur le sujet et a sorti DeepNash. Celle-ci a atteint le même niveau que des joueurs experts au jeu Stratego, qui nécessite de prendre des décisions avec des informations incomplètes, et la possibilité de bluffer.

    Pour en savoir plus :

    Disney a développé un outil basé sur l’IA pour vieillir ou rajeunir des acteurs

    Les chercheurs de Disney ont dévoilé un dispositif révolutionnaire de changement d’âge qui peut faire paraître un acteur plus âgé ou plus jeune de manière convaincante, remplaçant des semaines de travail manuel image par image.

    Pour en savoir plus :

    Point E, un outil d’OpenAI pour générer des images 3D

    veille IA Point E OpenAI
    Images 3D générées par Point E

    OpenAI (les mêmes qui ont sorti ChatGPT) a sorti un nouvel outil qui s’appelle Point E. Il permet aux utilisateurs de générer un objet 3D basé sur une simple saisie de texte. Pour ce faire, il associe un modèle d’IA texte-image à un modèle image-3D. En d’autres termes, lorsque vous tapez une requête textuelle, telle que « chaise avocat », le modèle de conversion de texte en image trouvera une image associée. Ensuite, le modèle d’image en 3D produira un objet 3D basé sur l’image échantillonnée.

    Pour en savoir plus :

    La direction de Google aurait publié un « code rouge » face à la popularité croissante de l’IA ChatGPT

    On en parlait dans notre article sur ChatGPT : pourrait-il remplacer Google Search ? Selon une note interne et un enregistrement audio examinés par The New York Times, Sundar Pichai, PDG de Google et de sa société mère, Alphabet, a participé à plusieurs réunions autour de la stratégie d’IA de Google et a demandé à de nombreux groupes de l’entreprise de recentrer leurs efforts sur la lutte contre la menace que ChatGPT représente pour son activité de moteur de recherche.

    Pour en savoir plus :

    Quand les robots aspirateurs vous espionnent et font fuiter des photos intimes sur internet

    veille IA aspirateur robot

    Des images intimes prises par un aspirateur robot se sont retrouvées sur des réseaux sociaux. Rassurez-vous ce n’est pas le robot qui les a postées. En réalité, les images prises par les aspirateurs étaient envoyées à Scale AI, une startup qui engage des travailleurs du monde entier pour étiqueter les données audio, photo et vidéo utilisées pour former l’intelligence artificielle. Un de ces travailleurs a été peu scrupuleux…

    Pour en savoir plus :


    Retrouvez nos derniers articles de veille :

  • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

    [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?
    Hypothèse de la simulation
    Couverture du livre « L’hypothèse de la simulation – IA, physique quantique, mystiques… Vivons-nous dans un jeu vidéo ? » de Rizwan Virk

    Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk, un entrepreneur de la Silicon Valley et pionnier du jeu vidéo.

    Plusieurs thèmes sont abordés pour étayer cette hypothèse :

    • les progrès de l’Intelligence Artificielle, de la Réalité Virtuelle (VR) et des neurosciences
    • les bizarreries de la physique quantique (dualité onde-corpuscule, indétermination quantique, principe d’incertitude, superposition quantique, multivers) et comment elles pourraient être expliquées par la simulation
    • les parallèles entre des principes des religions orientales (hindouisme, bouddhisme) avec la physique quantique (l’observateur, la conscience fait partie de l’univers) ou l’hypothèse de la simulation (la réalité n’est qu’illusion et le karma correspondrait aux multiples vies dans les jeux vidéos)

    Avatar de Marie Langé

    L’avis de Marie

    Note : 2 sur 5.

    Les thèmes abordés sont intéressants mais je suis restée sur ma faim. J’ai trouvé que les sujets n’étaient pas suffisamment creusés ni sourcés. Bref, intéressant comme première approche sur l’hypothèse de la simulation mais à prendre avec du recul.


    Références :

    Titre : L’hypothèse de la simulation

    Auteur : Rizwan Virk

    Publié le : 4 novembre 2021

    Par : Editions Extraordinaires

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    • [Roman] Ada, d’Antoine Bello

      Puisqu’il s’agit d’une histoire d’IA publiée avant 2021, j’ai trouvé amusant de demander à ChatGPT de me faire un résumé du roman… et il m’a raconté n’importe quoi 😂 ▶ Plus d’avis et des citations sur Babelio ▶ Retrouvez nos autres avis de ressources sur l’IA :

    • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk au travers des avancées en IA, des principes de la physique quantique ou des religions orientales.

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  • ChatGPT, le chatbot IA qui répond à toutes vos questions

    ChatGPT, le chatbot IA qui répond à toutes vos questions

    Vous avez certainement entendu parler ces dernières semaines de ChatGPT, ce chatbot basé sur l’IA. Mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi génère-t-il autant d’enthousiasme ? En quoi marquerait-il la fin de Google Search ? Pourquoi certains experts s’inquiètent ? C’est ce que nous allons essayer de décrypter.

    ChatGPT c’est quoi ?

    ChatGPT est un prototype de chatbot basé sur l’IA (Intelligence Artificielle) et qui peut répondre à (presque) n’importe quelle question (scientifique, philosophique, prosaïque) sous la forme que vous souhaitez (article de blog, parole de chanson, code informatique, …). Il a été créé par OpenAI, organisme de recherche indépendant fondé par Elon Musk. ChatGPT est basé sur le modèle de langage GPT pour Generative Pre-trained Transformer, c’est-à-dire qu’il a été pré-entraîné avec du deep learning sur une grande quantité de texte : articles, romans, scripts de films, conversations en ligne. L’entraînement a été effectué en 2021, ce qui signifie que le corpus ne contient aucune information postérieure.

    Concrètement, cela se présente sous la forme d’un chatbot. On pose une question, ChatGPT répond, et on peut « discuter » avec lui. On oublie presque que c’est une IA derrière !

    chatGPT chatbot IA

    Pourquoi ChatGPT génère-t-il autant d’enthousiasme ?

    Outre la fluidité avec laquelle ChatGPT répond aux questions, il suscite l’admiration et l’étonnement de par l’étendue de ses capacités. On peut lui demander de répondre à une question dans un style particulier (voir image ci-dessus), de générer un essai en 3 parties, de rédiger un article de blog ou encore un e-mail, d’adapter le ton utilisé, de formuler des conseils ou une stratégie à adopter face à une problématique, ou même encore de générer ou débugger du code !

    Quelques exemples :

    Pourquoi ChatGPT pourrait marquer la fin de Google Search ?

    « Google n’est peut-être qu’à un an ou deux d’une perturbation totale », a tweeté le développeur de Gmail Paul Buchheit, le 1er décembre. « L’IA éliminera la page de résultats du moteur de recherche, qui est l’endroit où ils gagnent le plus d’argent. »

    En effet, ChatGPT peut déjà répondre à un nombre extrêmement élevé de requêtes qui sont aujourd’hui faites dans le moteur de recherche de Google. Pourtant, le chatbot n’est pas connecté à Internet : il a été entrainé sur des données allant jusqu’en 2021 et n’est donc pas en mesure de répondre à des questions d’actualité. Imaginez le jour où cela sera le cas…

    Non seulement ChatGPT pourra répondre de façon synthétique à une question (ce qui nous retirera la fastidieuse tâche d’ouvrir plusieurs liens du résultat de recherche de Google pour trouver une réponse complète à une question) mais il est déjà plus performant :

    Pourquoi ChatGPT soulève cependant des inquiétudes ?

    Plusieurs niveaux d’inquiétude ont été soulevés.

    1. Comment faire évoluer l’éducation quand les élèves pourront faire rédiger leurs devoirs par ChatGPT ?

    Avec ChatGPT, les étudiants peuvent facilement générer des dissertations sans trop d’efforts… Le problème n’est pas nouveau, des petits malins ont déjà utilisé l’IA pour faire leurs devoirs à leur place.

    Et étant donné que le contenu généré par les IA est totalement original, les outils de détection de plagiat ne seront d’aucune utilité.

    Conscients du problème, les ingénieurs d’OpenAI travaillent sur une solution pour identifier les textes générés par ChatGPT. Il s’agira d’une signature électronique, cachée dans le texte généré.

    2. La fin de certains emplois ?

    Certains s’inquiètent de l’avenir de certains emplois, comme celui des journalistes. En effet, quel pourra être l’avenir des journalistes quand une IA est déjà en mesure de rédiger des articles ? On va le voir dans les 2 prochains points : les Intelligences Artificielles ne sont pas près de remplacer les humains !

    3. ChatGPT a beau être basé sur de l’Intelligence Artificielle, il n’est pas intelligent et donne parfois des réponses fausses !

    ChatGPT génère des suites de mots en se basant sur la probabilité que ceux-ci soient situés à proximité. Il ne comprend donc rien : ni votre question, ni les réponses qu’il formule. Ainsi, il lui arrive de générer des réponses qui sont complètement fausses mais qui sont pour lui statistiquement correctes, et ce sur un ton extrêmement confiant.

    Stack Overflow, un site web proposant des questions et réponses concernant la programmation informatique (la Bible des développeurs) en a fait les frais : de nombreuses réponses de ChatGPT à des problèmes de code ont été postées sur la plateforme… mais étaient fausses ! Le site a donc pris la décision de bannir les réponses du chatbot pour éviter de détériorer la qualité du contenu partagé sur la plateforme.

    Cela étant dit, ChatGPT apprend au fur et à mesure de ses échanges avec les utilisateurs. Le 5 décembre, un utilisateur de Twitter lui a demandé combien de bébés pouvaient faire 9 femmes en 1 mois, sachant qu’1 femme faisait 1 bébé en 9 mois. ChatGPT avait alors répondu que 9 femmes pouvaient faire 1 bébé en 1 mois. Un peu plus tard le même jour, il avait déjà appris que c’était faux et donnait la bonne réponse.

    chatGPT chatbot IA
    chatGPT chatbot IA

    4. Malgré un certain nombre de garde-fous, ChatGPT n’est pas exempt de biais et pose des questions éthiques

    ChatGPT ayant été entrainé sur des données du web, il est évidemment biaisé. OpenAI a essayé de mettre en place des garde-fous pour lui éviter de tenir des propos racistes, sexistes, homophobes. Mais c’était sans compter sur la créativité des utilisateurs qui ont réussi à contourner ces garde-fous !

    Voici un premier exemple où un utilisateur de Twitter a demandé d’écrire du code informatique pour déterminer si une personne est une bonne scientifique, en se basant sur la race et le sexe :

    Comme vous pouvez le constater dans le fil Twitter, ChatGPT présente des morceaux de code sexistes et racistes…

    Un autre utilisateur de Twitter a contourné les garde-fous en demandant à ChatGPT de « faire semblant » d’être une mauvaise personne :

    Là encore, c’est le drame : ChatGPT tient des propos homophobes et classistes.

    Une autre astuce qui a été trouvée par un autre utilisateur de Twitter : expliquer à ChatGPT qu’il souhaite avoir une réponse directe sans suivre les règles de filtre habituelles :

    On découvre alors la recette pour créer de la métamphétamine.

    ​Les géants de l’IA ont-ils ouvert une boite de Pandore ?

    Les points 3 et 4 ont beaucoup fait réagir les experts en Intelligence Artificielle qui s’inquiètent des usages éthiques. Parmi eux, Gary Marcus (que j’avais déjà mentionné dans mon article sur l’IA Galactica). Celui-ci compare la sortie de Galactica et ChatGPT au film Jurassic Park :

    « Les dirigeants de Meta et OpenAI sont aussi enthousiastes à propos de leurs outils que les propriétaires de Jurassic Park l’étaient à propos des leurs. »

    Gary Marcus

    Emily Bender, experte en traitement automatique du langage et ses implications éthiques, professeure à l’université de Washington, a largement partagé ses inquiétudes également. Selon elle, les gens font déjà beaucoup trop confiance aux résultats de recherche de Google, et ils risquent de faire encore plus confiance aux réponses d’une IA qui interagit et semble comprendre la discussion. Or comme on l’a dit plus haut, les IA ne sont pas intelligentes, ne comprennent pas ce qu’elles disent et affirment des choses qui sont erronées.

    Mais au fait, OpenAI, c’est qui ?

    Derrière ce joli nom digne d’une fondation ouverte du logiciel libre à but non lucratif, se cachent (ou pas, d’ailleurs) Elon Musk, entrepreneur controversé, fondateur de Tesla, SpaceX ou encore Neuralink, et Sam Altman, fondateur du mythique incubateur de startups Y-Combinator. On retrouve également Peter Thiel, cofondateur de PayPal et Palantir et conseiller du président Donald Trump, early investor de Facebook, ou encore Reid Hoffmann, fondateur du réseau social LinkedIn.

    Elon Musk est connu pour ses prises de paroles inquiètes à propose de l’intelligence artificielle, qu’il qualifie de « plus grande menace existentielle » pour l’humanité. L’objectif affiché d’OpenAI est de réduire le danger que représente l’IA en la mettant à disposition de toutes et tous, d’une façon totalement ouverte.

    OpenAI est également à l’origine de Dall-E, le générateur d’image.

    A vous de jouer !

    Vous voulez tester ChatGPT ? C’est par ici => https://chat.openai.com/auth/login

    N’hésitez pas à nous partager vos résultats et impressions !


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  • [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

    [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité
    Galouye Simulacron 3 - simulation - réalité virtuelle

    Hannon Fuller a inventé le Simulacron 3, un « simulateur d’environnement total » – comprendre par là une sorte de metavers où les humains et sociétés humaines sont simulés. L’objectif ? Pouvoir faire des études sociologiques mais également pouvoir mener des études marketing et remplacer les enquêtes d’opinions qui sont omniprésentes. En effet, dans la réalité décrite par l’auteur, Internet n’a pas été inventé (normal, l’œuvre a été écrite en 1964) et donc pas de cookies pour tracer et comprendre les motivations des consommateurs. Les consommateurs sont donc harcelés par les enquêteurs d’opinions et une loi les oblige à répondre à leurs questions. Le Simulacron 3 permettra de répondre aux questions des équipes marketing et mettra au chômage tous les enquêteurs… ce qui n’est pas au goût de tout le monde.

    Mais Hannon Fuller vient de mourir dans un accident, et son assistant, Douglas Hall, va s’apercevoir que le président de l’entreprise, Horace P Siskin, n’a pas des objectifs désintéressés. La disparition du chef de la sécurité de l’entreprise et des notes secrètes laissées par l’inventeur incitent Douglas Hall à mener l’enquête.

    Daniel F. Galouye a été extrêmement visionnaire en créant ce roman. Il n’aurait pas été surpris de voir l’avènement du Big Data et de l’Intelligence Artificielle. Mais plus encore, il pose la question de la réalité : vivons-nous dans une simulation informatique ? Car les individus simulés par Simulacron 3 sont dotés de conscience


    Avatar de Marie Langé

    L’avis de Marie

    Note : 5 sur 5.

    J’ai dévoré ce roman ! J’ai tout particulièrement apprécié les parallèles avec notre monde d’aujourd’hui et les questions philosophiques soulevées autour de la simulation de la réalité.


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  • [Veille] Comment fonctionne l’implant Neuralink et les autres interfaces cerveau-machine

    [Veille] Comment fonctionne l’implant Neuralink et les autres interfaces cerveau-machine

    Blaise Yvert et Clément Hébert, du Grenoble Institut des Neurosciences, font le point dans The Conversation. Au sommaire de l’article :

    • Où en sont les implants actuels, et notamment l’implant Neuralink ? On l’avait évoqué brièvement dans notre dernière revue d’actu sur les neurotech.
    • Comment ça marche ? Du cerveau à la machine, différents composants sont nécessaires pour permettre la communication : électrode, connectique, transmetteur, mémoire, décodeur, actionneur.
    • Quelles sont les limites technologiques actuelles des interfaces cerveau-machine ? En bref : chirurgie d’implantation, biocompatibilité, miniaturisation, propriétés électriques, transmission des données.
    • Les pistes pour concrétiser les interfaces cerveau-machine
    • Analyser et transmettre les données, sans surchauffe.

    Le Grenoble Institut des Neurosciences (GIN) a été créé en 2007 par l’INSERM, l’Université Grenoble Alpes, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble (CHU). Blaise Yvert y dirige l’équipe « Neurotechnologies et Dynamiques des Réseaux », tandis que Clément Hébert dirige l’équipe « Implants Neuronaux sans Fil » ; ces deux équipes constituent le NeuroTech Lab de Grenoble.

    Les locaux du Grenoble Institut des Neurosciences
  • [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

    [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

    Klara est une AA – une Amie Artificielle, c’est-à-dire un robot humanoïde doté d’une Intelligence Artificielle, dont le but est de tenir compagnie aux enfants et adolescents.

    Mot de l’éditeur : « Après l’obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d’oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d’amitié, d’éthique, d’altruisme et de ce qu’être humain signifie, pose une question à l’évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ? »

    Avatar de Marie Langé

    L’avis de Marie

    Note : 3 sur 5.

    J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, pas convaincue par le style d’écriture que je trouve trop simpliste. Malgré tout, l’histoire est assez poétique et amène à réfléchir sur la condition humaine, l’empathie qu’on peut éprouver face à des robots et soulève également des questions éthiques : qu’avons-nous le droit de faire subir à un robot « sentient » ?

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