• Face aux neurotechnologies, des neurodroits ?

    Face aux neurotechnologies, des neurodroits ?

    Les neurotechnologies ouvrent de nombreuses possibilités, à la fois thérapeutiques et commerciales. Leurs implications sont nombreuses : à côté des promesses d’amélioration du bien-être physique et psychique, elles ouvrent la porte à des questionnements sur les responsabilités individuelles et collectives, sur la vie privée, sur l’identité. Par ailleurs, il s’agit de dispositifs hautement technologiques, aujourd’hui utilisés par une population vulnérable médicalement. Petit à petit, la nécessité d’avoir une réflexion éthique et légale sur les questions de fond aussi bien que sur la protection spécifiques des usager·e·s fait son chemin auprès des institutions. Dans cet article, je recense différents textes institutionnels relatifs au domaine des neurotechnologies, issus d’organismes français ou internationaux. Bientôt, des textes de loi ?

    Mise en contexte : le marché des neurotechnologies aujourd’hui

    Tout d’abord, il convient de poser une définition des neurotechnologies. Je reprends ici celle du texte OCDE de 2019 (sur lequel je reviendrai plus bas) :

    L’appellation « neurotechonologies » recouvre les « dispositifs et procédures utilisés pour accéder au fonctionnement ou à la structure des systèmes neuronaux de personnes naturelles et de l’étudier, de l’évaluer, de le modéliser, d’exercer une surveillance ou d’intervenir sur son activité. »

    OCDE 2019

    Les premières applications, déjà existantes, étant médicales, on pourrait s’attendre à ce que la première instance internationale à s’en saisir soit l’Organisation Mondiale de la Santé. Pourtant, le dernier rapport ayant trait aux neurosciences et neurotechnologies date de 1997. On n’y trouve pas grand-chose d’intéressant : chirurgie oui, neurotransmetteurs oui, mais aucune trace d’électrostimulation ou d’interface cerveau-machine.

    Pourtant, comme l’indique Neurotech Reports, le marché des neurotechnologies pèse aujourd’hui 9.8 milliards de dollars au niveau mondial, et on prédit une croissance de 75% à l’horizon 2026, pour s’établir à 17.1 milliards de dollars. La revue Nature alertait en décembre dernier sur cette bulle de business : tandis que les investissements augmentent, la compétition commerciale devient féroce. Les produits sont démarrés, commercialisés… puis, parfois, abandonnés, le profit n’étant pas au rendez-vous. Comme dans n’importe quelle industrie par ailleurs ; sauf qu’ici, les client·e·s sont aujourd’hui, avant tout, des patient·e·s, ayant subit des interventions particulièrement invasives pour devenir usage·re·s de dispositifs particulièrement complexes. Abandonnés par les constructeurs, il devient impossible de faire fonctionner les équipements. Le dispositif, désormais inutile, peut même devenir franchement nuisible lorsqu’il devient un obstacle à d’autres soins. L’article de Nature relate de façon assez incroyable comment un de ces usagers abandonnés a dû s’appuyer sur ses propres compétences d’ingénieur électricien à la retraite pour remplacer lui-même les batteries de son stimulateur anti-migraine. Comment sécuriser les patient·e·s ? Le journal évoque des pistes : provisionner des enveloppes financières afin d’assurer la continuité de service en cas de défaut de l’entreprise ; conditionner les subventions et investissements à l’existence de telles provisions ; mais aussi standardiser les systèmes (connecteurs, électrodes, batteries notamment), souvent propriétaires, afin de faciliter leur maintenance par des tiers – comme c’est le cas pour les pacemakers cardiaques, depuis les années 90.

    Premier rapport français en 2008, entrée dans la loi Bioéthique en 2011

    En mars 2008 a lieu dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale une Audition publique ayant pour titre Exploration du cerveau, neurosciences : Avancées scientifiques, enjeux éthiques. Le rapport en français est disponible ici. L’objet de cette audition est de cerner l’impact juridique et social des recherches sur le cerveau à la lumière des nouvelles technologies, en vue de la révision de la loi Bioéthique. Cette révision aura lieu en 2011, et incluera pour la première fois des considérations liées aux neurosciences.

    La loi Bioéthique 2011 est disponible ici ; selon le Titre VIII – Article 45 :

    • Les techniques d’imagerie cérébrale ne peuvent être employées qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique, ou dans le cadre d’expertises judiciaires. (Code Civil)
    • C’est le Ministère de la Santé qui définit les règles de bonnes pratiques applicables aux examens d’imagerie cérébrale à des fins médicales en tenant compte des recommandations de la Haute Autorité de Santé. (Code de la Santé Publique)

    En 2012, le Centre d’Analyse Stratégique publiera également un rapport sur l’émergence du Neurodroit, il s’agit d’un document de travail.

    Décembre 2019 : première norme internationale sur l’Innovation Responsable dans les neurotechnologies

    Il faudra ensuite attendre 2015 pour qu’une autre institution internationale, l’OCDE, se saisisse du sujet en préparant une recommandation sur l’innovation responsable dans le domaine des neurotechnologies, qui sera publiée en 2019. Il s’agit de la première « norme internationale » sur le sujet, mais ce texte n’a qu’une valeur de recommandation et non une valeur d’obligation. L’OCDE évoque les risques suivants : « Ces questions ont notamment trait à la protection des données (cérébrales), aux perspectives d’augmentation de l’être humain, à la réglementation et la commercialisation d’appareils directement destinés aux consommateurs finaux, à la vulnérabilité des schémas cognitifs à l’égard des manipulations commerciales ou politiques, et aux inégalités d’utilisation et d’accès. Les questions de gouvernance soulevées par les neurotechnologies touchent l’intégralité du processus d’innovation, de la recherche fondamentale sur le cerveau, la neuroscience cognitive et d’autres sciences inspirées du cerveau jusqu’aux problématiques de commercialisation. »

    Le texte est accessible en français ici.

    2021, une année décisive au niveau international

    L’année 2021 semble être charnière, avec une activité au niveau international et interne à plusieurs pays. Alors que la France crée une task force suite à la recommandation de l’OCDE (voir plus bas), le Chili devient en octobre 2021 le premier au monde à mettre en lecture de ses institutions législative un amendement constitutionnel relatif aux neurodroits. La loi définit alors la notion de « données neuronales » afin de les considérer comme un organe, dont il faut assurer l’intégrité au même titre que le reste du corps. Je n’ai pas trouvé le texte, mais l’UNESCO en a fait un article en français ici, et des informations en espagnol sont également accessibles sur le site du Sénat chilien.

    Pendant ce temps, le Conseil de l’Europe continue à se poser des questions, et tient table ronde sur le thème : « Neurotechnologies et Droits Humains : Avons-nous besoin de nouveaux droits ? ». Les vidéos, le rapport et le résumé sont disponibles ici.

    De son côté, l’UNESCO publie en décembre 2021 un rapport (initialement annoncé pour mars) alertant sur les enjeux éthiques des neurotechnologies car « Les risques de dérives de technologies explorant ou modulant notre système nerveux vont s’accroître ».

    Dernières actualités : 2022

    Suite à cette jolie pile de rapports de l’OCDE, de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe, retour en France à l’Assemblée Nationale pour l’émission en janvier 2022 d’une note scientifique sur les neurotechnologies. J’imagine que ce type de petit texte récapitulatif est partie d’un travail préparatoire qui amènera nos décideurs à légiférer sur le sujet, car (je cite) : « Les enjeux éthiques sont croissants et plaident pour une régulation de ces technologies comme en témoignent de nombreuses initiatives au niveau international. » On pourra s’amuser, ou pas, de la lenteur du processus, quand on sait que l’une des neurotechnologies les plus invasives, la stimulation cérébrale profonde chronique, a été mise au point dans sa forme actuelle en France… dans les années 80.

    A la suite de la recommandation OCDE, la task force française créée en 2021 sort sa première action fin 2022 : de proposer aux entreprises d’adhérer à une charte de développement responsable des neurotechnologies, texte co-construit avec les différents acteurs. Ce très court texte, document encore une fois « sans contrainte juridique » de 3 pages (en réalité, seule 1 page contient lesdits principes, est disponible ici. Il évoque les 5 engagements suivants :

    • Protéger les données cérébrales personnelles
    • Assurer la fiabilité, la sûreté et la sécurité des dispositifs médicaux et non médicaux
    • Développer une communication éthique et déontologique
    • Prévenir les usages abusifs, les applications et les manipulations malveillantes
    • Prendre en compte les attentes sociétales

    Au niveau international, en août 2022 paraît un document présenté comme « un premier rapport au niveau mondial » : le rapport Neurotechnology, law and the legal profession report, développé par l’école de droit de Sydney, commandité par la Law Society of England and Wales. C’est une première dans le sens où les juristes, et non les législateurs ou décideurs, s’emparent du sujet. Parmi les questions évoquées, les juristes s’interrogent sur la surveillance des pensées des criminels, sur l’intervention cérébrale préventive, sur le piratage des neurotechnologies, ou encore sur la responsabilité légale des patients implantés. Il y a également une partie qui explore les impacts des neurotechologies sur l’activité des avocats et juristes, dans leur quotidien (surveillance des employés, paiement à la charge cognitive réelle…). Ce rapport a le mérite de se poser des questions pratico-pratiques. Il est disponible ici et en version abrégée ici.

    En conclusion : les cinq « neurodroits » fondamentaux de la NeuroRights Foundation

    [séquence opinion personnelle] Dans le domaine des neurotechnologies, on se retrouve au même stade que dans le domaine de l’intelligence artificielle, mais en moins avancé. On sait qu’il y a des enjeux, on sait qu’il va y avoir des problèmes, mais on est sur des échelles de temps moyen ou long non compatibles avec le temps politique… donc on répond « ah, oui, il va falloir faire quelque chose, bientôt », et puis voilà. Quand on connait le peu d’affinité des décideurs avec la culture technologique, on se dit qu’on n’est pas sortis de l’auberge. En même temps, c’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur. [fin de la séquence opinion personnelle]

    Heureusement, des groupes se mobilisent, dont la NeuroRights Foudation. Cette fondation issue de l’Université Columbia à New York est une initiative interdisciplinaire qui explore les questions éthiques et juridiques liées à la neuroscience et promeut les droits des individus en matière de protection de la vie privée et de la dignité. Pour résumé les enjeux à venir, je reprends les 5 neurodroits fondamentaux proposés par cette institution. Ces neurodroits devraient être :

    • Droit à l’Identité personnelle : Il s’agit de limiter toute neurotechnologie qui altérerait le sentiment d’identité d’une personne et d’empêcher la perte de l’identité personnelle par la connexion à des réseaux numériques externes.
    • Droit au Libre arbitre : Il s’agit de préserver la capacité des personnes à prendre des décisions de manière libre et autonome, c’est-à-dire sans aucune manipulation par le biais des neurotechnologies.
    • Droit à la Vie privée mentale : Elle protège les individus contre l’utilisation des données obtenues lors de la mesure de leur activité cérébrale sans leur consentement et interdit expressément toute transaction commerciale impliquant ces données.
    • Doit à L’égalité d’accès : Il s’agit de réglementer l’application des neurotechnologies pour augmenter les capacités cérébrales, afin qu’elles ne soient pas réservées à un petit nombre et ne génèrent pas d’inégalités dans la société.
    • Droit à la Protection contre les biais : Il s’agit d’empêcher que les personnes soient discriminées sur la base de tout facteur, comme une simple pensée, qui peut être obtenu par l’utilisation des neurotechnologies. »

    ▶ Nos derniers articles de veille sur les neurotechnologies :

  • Pourquoi des femmes en sciences cognitives ?

    Pourquoi des femmes en sciences cognitives ?

    Du 13 au 19 mars 2023 aura lieu la Semaine du Cerveau, événement national de vulgarisation scientifique. En parallèle, La Casemate – Territoire de Sciences, établissement de culture scientifique grenoblois, organise tous les ans un marathon d’édition Wikipédia visant à augmenter la visibilité des Femmes de Science dans l’encyclopédie, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Cette année, les efforts se combinent pour proposer une soirée-marathon d’édition Femmes de Tête, le jeudi 16 mars. Mais au fait, pourquoi se prendre la tête sur ce sujet ?

    Bannière du marathon d'édition Wikipédia Femmes de sciences cognitives

    Les femmes scientifiques sont peu ou mal représentées dans les médias grand public

    Les femmes scientifiques ont une présence moins importante dans Wikipédia, mais aussi dans les médias, elles sont souvent peu ou mal citées, même lorsque leur recherche est présentée.

    Par exemple, dans cet article de Sciences et Avenir, qui présente une étude menée par Laurie Bayet principalement (première autrice), on mentionne « des chercheurs du laboratoire de psychologie et neurocognition de l’UGA » et « une équipe de recherche française ». Le nom de la chercheuse n’est mentionné que pour légender le graphique tout en bas de l’article. Or, cette non-représentation peut être un frein au choix de carrières scientifiques pour les jeunes femmes.

    Vous avez gagné un portrait de Laurie Bayet recevant une récompense, le Distinguished Early Career Contributions Award de l’International Congress of Infant Studies ! Yay \o/

    C’est un fait qui est clairement identifié. Si vous voulez creuser le sujet, voilà un peu de lecture et encore de la lecture. Heureusement, des plateformes commencent à prendre le sujet à bras le corps. Vous cherchez des expertes à solliciter dans un média ? Il y en a quelques-unes par ici (pas seulement propre au domaine scientifique).

    Les spécificités des femmes sont moins étudiées en science, et donc moins bien prises en charge : l’exemple de l’autisme au féminin

    Pourtant, l’équilibre des sexes et des genres dans la population des chercheur-ses contribuerait à une meilleure complétude de la recherche. Prenons l’exemple de l’autisme. On rapporte souvent un ratio de 1 femme pour 4 hommes, or cette méta-analyse indique un ratio probablement plus proche de 1 pour 3, indiquant un risque pour des femmes de ne pas recevoir diagnostic et aide associée. Adeline Lacroix, que nous recevrons lors de la soirée d’édition Wikipédia du 16 mars, s’intéresse notamment à la question du genre dans l’autisme car en recevant son propre diagnostic, elle a pris la mesure du manque de données scientifiques concernant l’autisme chez les femmes.

    Vous avez gagné une vidéo sur Adeline Lacroix qui explique les différences de genre dans l’autisme pour le Centre de Ressources Autisme Ile-de-France CRAIF. A paraître, Autisme au féminin, Approches historique et scientifique, regards cliniques, aux Presses de l’UGA, en prévente à la Fnac, Amazon, etc

    Cet article tout récent de Nature pointe le besoin d’accorder plus d’importance à la fois au sexe et au genre dans l’étude des troubles neurodéveloppementaux tels que l’autisme (au passage, les deux autrices de ce blog sont sur le spectre ; ce blog est juste une façon discrète de faire de l’info-dump sur nos intérêts spécifiques communs…).

    Attention, je ne parle pas ici d’étudier le neuromythe du cerveau genré, qui a été rejeté maintes et maintes fois par la science, mais bien du fait que les données scientifiques sont collectées sur des hommes uniquement, et les résultats obtenus, par exemple l’efficacité d’un traitement médical, sont généralisés aux hommes et aux femmes. La recherche médicale est inégalitaire et sexiste.

    Le constat est le même pour les minorités ethniques

    Les personnes noires sont à la fois moins présentes dans les métiers de la recherche, moins représentées dans les médias scientifiques, et moins susceptibles d’être intégrées à des études en tant que sujet. Pour ce dernier point, une des raisons invoquées est… la flemme. Ou, pour reformuler, l’incompatibilité des méthodes de mesures existantes (EEG, NIRS) avec les coiffures, le type de cheveux, ou la couleur de peau (AKA la flemme d’adapter les méthodes existantes). Cet article de Nature explique très bien le problème, et pourquoi il est urgent de le prendre à bras le corps.

    Exemple d’électrodes en cours de développement, permettant la collecte de données électrophysiologiques pour des personnes à cheveux foncés et épais. Plus d’infos ici dans un article de vulga en anglais, et ici pour la publi scientifique.

    D’ailleurs, ce biais ethnique se niche également au sein de la recherche portant sur les femmes, comme le montre cette étude sur les biais raciaux dans la recherche sur le cerveau dans la maternité.

    Plus de femmes en science, c’est une meilleure science pour la moitié de l’humanité

    Voici un autre exemple dans Nature où ce sont des femmes (dont Annemarie Schumacher Dimech) qui sont à l’origine de recherches SUR les femmes.

    Plus de femmes en science, c’est une meilleure recherche pour tout le monde, et donc un meilleur accès aux soins. Plus de diversité en science, c’est une meilleure science au service de l’humanité, plus imaginative, plus solidaire, plus précise, plus adaptée. Si vous ne me croyez pas, même Nature le dit.

    Réduisez les inégalités, rejoignez l’éditathon en ligne

    Ca vous a convaincu-e ? Vous avez envie de faire bouger les lignes ? Si vous êtes journaliste, vous pouvez mettre en avant les travaux des femmes de science, en les nommant. Sinon, vous pouvez rejoindre ce marathon d’édition Wikipédia. Il aura lieu en présentiel à Grenoble le 16 mars mais aussi toute la semaine, en ligne. Plus d’information sur la page du projet ici, et un petit tuto pour créer votre compte de wikipédien-ne là.

    Et bien sûr, si vous avez des questions, vous pouvez les poser en commentaire sous l’article !

  • [Veille] Oiseaux bricoleurs, singes bavards et ados à problèmes – dernières nouvelles des animaux

    [Veille] Oiseaux bricoleurs, singes bavards et ados à problèmes – dernières nouvelles des animaux

    La veille du jour porte sur les compétences des animaux : oiseaux bricoleurs, langue des signes des singes, et prise de risque chez l’ado chimpanzé comparé à l’humain.

    Les cacatoès sont capables de choisir un outil en fonction de la tâche à réaliser

    Les cacatoès sont capables de se créer une caisse à outils, et ils utilisent ceux-ci à bon escient. Ils sont mêmes capables de prévoir les tâches à venir, et de préparer leurs outils à l’avance. Voici donc la 3e espèce chez qui on a pu constater cette compétence, après les humains, et les chimpanzés.

    Photo de Stephen sur Unsplash

    Pour en savoir plus :

    Les chimpanzés et les bonobos pratiquent une langue des signes que nous pouvons comprendre

    Les humains sont capables de comprendre une vingtaine de gestes que les chimpanzés et les bonobos utilisent pour communiquer entre eux, montre une expérience écossaise. Elle suggère que nous partageons une langue des signes commune avec ces primates sauvages.

    Bonobo – Source Flicker

    Pour en savoir plus :

    Les chimpanzés adolescents moins impulsifs que les ados humains

    Les ados humains ne sont pas spécialement célèbres pour leur retenue. En effet, chez eux, une zone du cerveau appelée le cortex ventromédial préfrontal, qui agit un peu comme un frein à main, est incomplètement développée, ce qui les rend susceptibles d’agir de façon risquée… Il se trouve que l’on peut dire la même chose des ados chimpanzés… excepté qu’eux sont un peu moins impulsifs !

    Jeune chimpanzé – Source Wikimedia Commons

    Pour en avoir plus :


    Nos derniers articles sur les neurosciences et la cognition animales :

  • [Roman] Ada, d’Antoine Bello

    Couverture du livre Ada, Antoine Bello, Folio

    Le pitch : Le policier Frank Logan est invité à enquêter sur la disparition d’Ada. Encore une disparition de jeune fille ? Pas du tout : Ada est une intelligence artificielle développée dans un laboratoire de la Silicon Valley. Elle est programmée pour écrire des romans à l’eau de rose…

    Référence : Ada, Antoine Bello, Gallimard, 2016, disponible neuf ou d’occasion chez vos Libraires Indépendants


    Avatar de Audrey Kist

    L’avis d’Audrey

    Note : 3 sur 5.

    Bref roman, facile à lire, pas désagréable. Nettement moins fascinant néanmoins que la trilogie des Falsificateurs (qui ne parle ni de cerveaux, ni de robots, mais qui est tellement une dinguerie je ne résiste pas à l’envie de vous mettre un lien vers le site de l’auteur !). Amusant si vous avez envie de lire des romans sur l’IA, si vous aimez l’anticipation et les policiers ; sinon, vous pouvez vous en passer.

    Puisqu’il s’agit d’une histoire d’IA publiée avant 2021, j’ai trouvé amusant de demander à ChatGPT de me faire un résumé du roman… et il m’a raconté n’importe quoi 😂


    ▶ Plus d’avis et des citations sur Babelio

    ▶ Retrouvez nos autres avis de ressources sur l’IA :

    • [Roman] Ada, d’Antoine Bello

      Puisqu’il s’agit d’une histoire d’IA publiée avant 2021, j’ai trouvé amusant de demander à ChatGPT de me faire un résumé du roman… et il m’a raconté n’importe quoi 😂 ▶ Plus d’avis et des citations sur Babelio ▶ Retrouvez nos autres avis de ressources sur l’IA :

    • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk au travers des avancées en IA, des principes de la physique quantique ou des religions orientales.

    • [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      Critique du roman visionnaire de Daniel Galouye, qui pose la question de la réalité : vivons-nous dans une simulation informatique

    • [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      Klara est une AA – une Amie Artificielle, c’est-à-dire un robot humanoïde doté d’une Intelligence Artificielle, dont le but est de tenir compagnie aux enfants et adolescents.

  • [Veille] Des rats musiciens, des pingouins conscients… et des animaux en danger

    [Veille] Des rats musiciens, des pingouins conscients… et des animaux en danger
    Strip trouvé ici

    Les animaux sont-ils des êtres conscients ? La position de la communauté scientifique est ambivalente : d’un côté, on dénie aux animaux non-humains la conscience ; de l’autre, nombreuses sont les recherches sur la conscience, la cognition, la mémoire, les neurosciences humaines… pour lesquelles on utilise des animaux. Ne serait-ce pas contradictoire ? En tout cas, en 2020, le mot sentience fait son apparition dans le Petit Larousse pour désigner une propriété minimale de la conscience qui s’applique bien aux animaux :

    Sentience (du lat. sentiens, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie.

    Le Petit Larousse, 2020

    Dans cette revue, on parle de la recherche en neurosciences et sciences cognitives impliquant des animaux.

    Des rats battent la mesure sur du Mozart

    Rat qui ouvre une boîte de CD pour accéder à un disque audio, avec une partition musicale et un casque audio

    Battre la mesure sur de la musique est-il typiquement humain ? On le pensait, mais non : les rats ont aussi cette compétence. Elle dépend d’une constante temporelle dans le cerveau, qui est similaire entre les différentes espèces. A lire :

    Ito, Y., Shiramatsu, T. I., Ishida, N., Oshima, K., Magami, K., & Takahashi, H. (2022). Spontaneous beat synchronization in rats : Neural dynamics and motor entrainment. Science Advances, 8(45), eabo7019. https://doi.org/10.1126/sciadv.abo7019

    Des signes de conscience de soi chez les manchots Adélie

    Un pré-print de novembre 2022 présente les résultats d’une étude sur une population de manchots Adélie, qui semblent indiquer une conscience de soi dans cette espèce. A lire :

    Dastidar, P. G., Khan, A., & Sinha, A. (2022). Possible Self-awareness in Wild Adélie Penguins Pygoscelis adeliae (p. 2022.11.04.515260). bioRxiv. https://doi.org/10.1101/2022.11.04.515260

    Un petit jeu proposé par la revue Nature pour découvrir le monde : trouvez le pingouin Leif Penguinson sur cette image ! Pour en savoir plus, connaître la réponse et découvrir de nouvelles images, c’est sur le site de la revue Nature.

    1 500 animaux seraient morts dans les laboratoires de Neuralink depuis 2018

    L’entreprise Neuralink cherche à concevoir un implant d’interface cerveau-machine (comme on l’a déjà mentionné ici ou ). Des dizaines d’employés travaillant sur le projet se seraient plaints de mauvaises conditions d’expérimentation entraînant des mauvais traitements : depuis 2018, l’entreprise aurait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes. Une enquête fédérale est en cours depuis plusieurs mois. A lire :


    ▶ Nos articles en lien avec cette actu :

  • [Veille IA] Des IA pour contrôler les foules, espionner, parler avec les morts, taper sans clavier

    [Veille IA] Des IA pour contrôler les foules, espionner, parler avec les morts, taper sans clavier
    IA Intelligence artificielle
    Case 1 : « La bonne nouvelle c’est que nous commençons à recevoir beaucoup d’engagement sur notre contenu généré par l’IA. » « Génial ! Quelle est la mauvaise nouvelle ? »
    Case 2 : « Apparemment la plupart de ces engagements proviennent de trafics générés par des IA. »

    Dans la veille IA de cette semaine, on passe du surprenant à l’effrayant… La France prévoit d’utiliser l’IA pour contrôler les foules aux JO 2024, une technologie Big Brother permet aux gouvernements de pirater n’importe quelle caméra intelligente, des services pour parler avec les morts, un spray pour la peau qui utilise l’IA pour vous permettre de taper sans clavier, des IA qui envoient des personnes à tort en prison, d’autres qui jouent le rôle d’avocats, et Microsoft qui veut utiliser ChatGPT pour son moteur de recherche Bing.

    La France prévoit d’utiliser un système de contrôle des foules assisté par l’IA pour les JO 2024

    IA Intelligence artificielle JO

    Les autorités françaises prévoient d’utiliser un système de contrôle des foules assisté par l’IA pour surveiller les personnes pendant les Jeux olympiques de Paris en 2024, selon un projet de loi. Le système est destiné à permettre aux services de sécurité de détecter plus facilement les perturbations et les problèmes potentiels, mais n’utilisera pas la technologie de reconnaissance faciale. La technologie pourrait être particulièrement utile lors de la très ambitieuse cérémonie d’ouverture en plein air qui verra les Olympiens descendre la Seine devant une foule géante de 600 000 personnes.

    Pour en savoir plus :

    Une technologie Big Brother permet aux gouvernements de pirater n’importe quelle caméra intelligente

    two person standing under lot of bullet cctv camera
IA Intelligence artificielle
    Photo by Burst on Pexels.com

    Une nouvelle technologie effrayante entre les mains des agences de renseignement gouvernementales a la capacité de réquisitionner n’importe quelle caméra intelligente et même de « modifier les flux » pour manipuler à la fois son son et ses visuels.

    Le logiciel de type Big Brother – utilisé par l’agence de renseignement nationale Mossad – est négocié depuis 2018 auprès des États du monde par la société d’un ancien cyberchef des forces de défense israéliennes, Toka.

    Mais ce n’est que récemment que la véritable puissance de cet outil de piratage supérieur a été révélée. Ses clients top secrets ont des capacités auparavant hors de portée pour localiser toutes les caméras de sécurité et web dans un périmètre donné avec la possibilité d’exploiter les flux pour les regarder, les pirater ou même les modifier- y compris les images précédentes – à leur discrétion.

    Pour en savoir plus :

    Utiliser l’IA pour parler avec les morts

    Effrayant ou cool ? De nouveaux services basés sur l’IA et permettant aux gens de garder leurs proches « en vie » prolifèrent – offrant, par exemple, une conversation interactive avec un père récemment décédé qui a pris le temps d’enregistrer une interview vidéo avant son décès. On vous avait déjà raconté une histoire de dead-bot ici.

    IA Intelligence artificielle
Storyfile

    Storyfile permet d’enregistrer des souvenirs video de son vivant. Après avoir partagé son Storyfile, la famille et amis peuvent échanger avec l’outil, dans un semblant de conversation avec le défunt.

    Amazon a récemment présenté une fonctionnalité expérimentale d’Alexa (l’assistant vocal) qui peut lire des livres à haute voix avec la voix d’un parent décédé, en extrapolant à partir d’un extrait de la voix enregistrée de cette personne.

    MyHeritage, le site de recherche d’ascendance, propose désormais « Deep Nostalgia », un outil pour animer des photographies anciennes de vos proches.

    HereAfter AI vous permet d’enregistrer des histoires sur vous-même et de les associer à des photographies, afin que les membres de votre famille puissent vous poser des questions sur votre vie et vos expériences.

    Microsoft a obtenu un brevet pour créer des « chatbots » qui imitent des personnes individuelles (mortes ou vivantes) en fonction de leurs publications sur les réseaux sociaux et de leurs messages texte.

    Pour en savoir plus :

    Un spray pour la peau utilise l’IA pour vous permettre de taper sans clavier

    Une nouvelle peau intelligente développée à l’Université de Stanford permet de taper sur des claviers invisibles, identifier des objets uniquement au toucher ou permettre aux utilisateurs de communiquer par des gestes de la main avec des applications dans des environnements immersifs.

    Dans un article qui vient d’être publié dans la revue Nature Electronics, les chercheurs décrivent un nouveau type de matériau biocompatible extensible qui est pulvérisé sur le dos de la main, comme un spray solaire. Intégré dans le maillage se trouve un minuscule réseau électrique qui détecte l’étirement et la flexion de la peau et, à l’aide de l’IA, les chercheurs peuvent interpréter une myriade de tâches quotidiennes à partir de mouvements et de gestes de la main. Les chercheurs disent que cela pourrait avoir des applications et des implications dans des domaines aussi variés que les jeux, les sports, la télémédecine et la robotique.

    Jusqu’à présent, plusieurs méthodes prometteuses, telles que la mesure des activités électriques musculaires à l’aide de bracelets ou de gants portables, ont été activement explorées pour permettre diverses tâches manuelles et gestes. Cependant, ces dispositifs sont encombrants car plusieurs composants sensoriels sont nécessaires pour identifier les mouvements au niveau de chaque articulation. De plus, une grande quantité de données doit être collectée pour chaque utilisateur et tâche afin de former l’algorithme. Ces défis rendent difficile l’adoption de tels dispositifs.

    Cette nouvelle peau intelligente en revanche, est bien plus pratique, simple et adaptable.

    Pour en savoir plus :

    Des IA qui envoient des personnes à tort en prison

    Randall Reid dit qu’il n’est jamais allé en Louisiane, et encore moins volé 10 000 $ de sacs à main Chanel et Louis Vuitton là-bas. Cela n’a pas empêché la police d’arrêter le résident géorgien de 28 ans pour le vol, commis dans une banlieue de la Nouvelle-Orléans, sur la base d’un outil de reconnaissance faciale. Il a été enfermé pendant près d’une semaine.

    Ce n’est pas la première fois que ça arrive, le New York Times rapportait des cas similaires en 2020.

    IA Intelligence artificielle
Joy Buolamwini
Algorithmic Justice League
    Joy Buolamwini durant un TED talk

    Joy Buolamwini, créatrice de l’association Algorithmic Justice League, et collaboratrice sur le documentaire Coded Bias (disponible sur Netflix et que je vous recommande) s’est engagée dans la lutte contre les discrimations des algorithmes de reconnaissance faciale après s’être rendue compte que ces outils étaient très performants sur les visages des personnes blanches et très mauvais sur les visages des personnes noires. En particulier, son visage était méconnaissable dans de nombreux systèmes de reconnaissance faciale mais fonctionnaient lorsqu’elle portait un masque blanc…

    Pour en savoir plus :

    Et des IA « avocates »

    IA Intelligence artificielle
Justice
Avocat
    Image générée par une IA (https://lexica.art/)

    En février, une IA de la société DoNotPay est configurée pour dire à un accusé exactement quoi dire et quand pendant toute une affaire judiciaire. Il s’agira probablement du tout premier cas défendu par une intelligence artificielle.

    L’IA fonctionnera sur un smartphone et écoutera tous les discours dans la salle d’audience en février avant d’indiquer à l’accusé ce qu’il doit dire via un écouteur.

    Pour en savoir plus :

    Microsoft veut utiliser ChatGPT pour son moteur de recherche Bing

    Dans un précédent article, on vous avait présenté ChatGPT, le chatbot qui répond à toutes les questions de façons synthétiques et performantes. Dès sa sortie, de nombreuses personnes questionnaient l’avenir de Google Search. La direction de Google elle-même prend le sujet très au sérieux.

    L’idée n’est pas passée à côté de Microsoft qui envisage d’intégrer ChatGPT à son moteur de recherche Bing. En effet, Microsoft a un partenariat avec OpenAI (la société qui a développé ChatGPT) depuis 2020, lui permettant de disposer d’une licence exclusive sur l’utilisation de GPT3, le modèle de langage utilisé par ChatGPT. Microsoft dispose donc là d’une opportunité en or pour détroner Google. Comme le dit Damien Douani, Google pourrait se faire « kodakiser », c’est-à-dire suivre la même tragédie de Kodak qui avait inventé l’appareil photo numérique sans miser dessus.

    Pour en savoir plus :


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  • Méditation, musique, sport et santé mentale : débunker les fausses bonnes nouvelles et célébrer les vraies

    Méditation, musique, sport et santé mentale : débunker les fausses bonnes nouvelles et célébrer les vraies

    Ces derniers jours, j’ai vu passer pas moins de 3 titres racoleurs sur d’apparentes bonnes nouvelles en psychiatrie. Vu leur teneur, je les ai partagées avec enthousiasme, et un excès de rapidité … jusqu’au moment où j’ai cherché à en savoir plus :

    • La méditation est-elle aussi efficace qu’un antidépresseur pour réduire le stress chez les patient·e·s anxieux·ses ?
    • Apprendre la musique permet-il d’affronter la dépression ?
    • Faire du sport est-il efficace pour lutter contre le syndrome de stress post-traumatique (PTSD) ?
    de Peanuts https://peanuts.fandom.com/wiki/Lucy%27s_psychiatry_booth

    Comparaison des effets de la méditation et des antidépresseurs sur l’anxiété… sous réserve d’avoir une fréquence de pratique irréaliste pour des patient·e·s

    Deux personnes qui pratiquent la méditation. Celle à droite est très concentrée tandis que celle de gauche ouvre des yeux inquiets. Anxiété ?
    Photo de Gustavo Fring sur Pexel

    La publi scientifique, à consulter dans JAMA Psychiatry, a comparé les effets de la méditation de pleine conscience à ceux de l’Escitalopram, un antidépresseur, sur la réduction du stress chez des patients atteints de Troubles Anxieux.

    Hoge EA, Bui E, Mete M, Dutton MA, Baker AW, Simon NM. Mindfulness-Based Stress Reduction vs Escitalopram for the Treatment of Adults With Anxiety Disorders: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. Published online November 09, 2022. doi:10.1001/jamapsychiatry.2022.3679

    La news annoncée au grand public est : « Étude : la méditation réduit l’anxiété autant qu’un antidépresseur« , sur le site de AirZen Radio. Autant dire que sur LinkedIn, les commentaires s’emballent (pas de lien direct pour préserver l’anonymat) : prendre le temps de vivre est un art qui se perd, les antidep c’est BigPharma, etc. Et l’étude semble bonne : réalisée en simple aveugle (le mieux qu’on puisse faire vu la nature de la comparaison), sur une large cohorte de patient·e·s.

    Mais alors, pourquoi râlé-je ?

    Parce qu’on oublie un peu de quoi on parle. L’étude compare l’efficacité d’un traitement de 10/20 mg d’escitalopram par jour, à… 2h30 de cours hebdomadaires additionnés de 45 minutes de pratique quotidienne de la méditation. Pour reprendre le commentaire éclairé d’un prof de yoga :

    C’ est totalement irréaliste de penser que les gens vont méditer 45mn par jour sur la longue durée. Leur proposer ne peut que les culpabiliser parce qu’ ils ne vont pas y arriver et donc se mettre mal, et ca va donc en rajouter 1 couche.
    Je ne suis pas loin de penser que la méditation est 1 pratique Pour les gens qui ont des sous, qui sont en arrêt de travail ou à la retraite.
    En ce sens , les médocs sont utiles.

    Sur LinkedIn

    ou encore d’un psychiatre :

    Méditer quand on présente un épisode dépressif sévère avec ou sans symptômes psychotiques, avec syndrome somatique F32.31 ou F32.21 c’est tout simplement impossible…

    Sur LinkedIn

    Pourquoi c’est même carrément dangereux d’écrire un titre pareil

    • Annoncer sans nuance une équivalence entre traitement et méditation, ça pourrait faire croire que les antidépresseurs sont bons pour la poubelle. « Vous êtes atteint-e de trouble anxieux, diagnostiqué par un-e médecin qui vous a fourni un traitement ? Balancez tout à la poubelle, vous n’avez qu’à méditer ! ». On ne le répétera jamais assez, déjà c’est FAUX et en plus c’est DANGEREUX de ne pas se soigner ou de faire n’importe quoi avec son traitement.
    • Deuxième effet kiss-cool, vu dans des commentaires sur LinkedIn, celui de culpabiliser les patient·e·s, à base de « prendre du temps pour soi c’est la base, si vous n’êtes pas capable de prioriser votre vie, pas étonnant que vous tombiez malade : c’est un peu votre faute ! » . Oui, j’ai lu des commentaires qui allaient dans ce sens. En 2023, on n’a pas encore le c*l sorti des ronces du « Tu n’es pas dépressif·ve mais une grosse feignasse, sors-toi les doigts et prends l’air / mange bio / fais de l’aquaponey ». Ca m’énerve. Vous le sentez ?

    Bref, on est encore un peu loin de pouvoir affirmer que 5 minutes de méditation chaque matin éloigne le médecin.

    Apprendre le piano aide à affronter la dépression… chez les personnes qui ne sont pas dépressives. Ou pas.

    Parfois, magic happens entre la publi scientifique originale et la presse grand public. La recherche originale est publiée par une équipe de l’Université de Bath dans Nature Scientific Reports. Vous la trouverez ici. Elle s’intitule : « une étude randomisée contrôlée montre que quelques semaines de cours de musique améliorent le traitement audio-visuel temporel ».

    Che, Y., Jicol, C., Ashwin, C. et al. An RCT study showing few weeks of music lessons enhance audio-visual temporal processingSci Rep 12, 20087 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-23340-4

    Par un mystérieux tour de passe-passe, la news grand public est devenue : « Jouer du piano réduit l’anxiété et aide à affronter la dépression, bien plus qu’écouter de la musique : ce sont les conclusions d’une récente étude de l’université de Bath, en Angleterre. », sur Radio Classique. On passe donc d’une étude « cognitive » à un résultat « psycho-bien-être ». Au passage, Radio Classique : ça serait sympa de lier directement l’étude scientifique dans votre article… citez vos sources !

    Un résultat survendu, qui n’est pas l’objet de l’étude

    Pourquoi c’est un peu survendu : je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis un titre pareil, déjà, ça implique qu’on a testé l’efficacité des cours de musique sur une population de patient·e·s. Ce n’est pas le cas ici : il s’agit de comparer l’effet de l’apprentissage musical sur le stress de personnes qui ne sont pas des patient·e·s, ni avec un diagnostic de Trouble Anxieux, ni avec un diag de Dépression, rien. Rien ne garanti que les effets observés chez des patient·e·s seraient les mêmes, et encore moins qu’ils seraient de redescendre les scores anxiété, dépression et stress à un niveau sub-clinique, c’est à dire de guérir. Alors parler de lutter contre la dépression, chez des personnes qui ne sont pas dépressives… bon, voilà, quoi.

    Pourquoi c’est à côté du sujet : en réalité, l’objet de cette étude est d’évaluer l’effet de l’apprentissage musical sur des capacités multisensorielles et émotionnelles. Le raisonnement : la musique est multisensorielle (toucher/motricité, ouïe, vue…) et les musiciens ont des capacités de détection de discordances audio-visuo-temporelles augmentées, ainsi que des capacités de reconnaissance des émotions augmentées (en lien avec l’interprétation musicale). Ces capacités sont-elles innées chez les musiciens, ou acquises grâce à la pratique musicale ? L’étude confirme que les capacités multisensorielles sont améliorées, mais ne montre pas de différences sur les capacités de reconnaissance des émotions. Les mesures concernant l’évolution des scores de dépression, anxiété, stress, humeur… sont des résultats annexes, l’étude n’a pas été faite pour ça.

    Les calculs sont pas bons, Kevin

    Pourquoi c’est limite bidon : pour moi, la grosse faiblesse du résultat (passons sur la nature et la taille de l’échantillon) est statistique. L’outil statistique utilisé ici pour mesurer l’effet des cours de musique est juste… incorrect. Autrement dit, c’est des maths, et

    Gif animé d'Inès Reg extrait de son sketch viral, avec le texte "les calculs sont pas bons Kevin"

    Tout le monde n’est pas formé sur le sujet, je vous l’accorde. Afin de vérifier qu’il se passe bien quelque chose de significativement différent dans le groupe « cours de musique », les auteur·ice·s utilisent 2 méthodes différentes :

    • un calcul composé de trois tests simples : trois « T-tests », ou tests de Student. D’après cette méthode, iels montrent une réduction du score « émotions négatives » dans le groupe « cours de musique ». Ce test est normalement utilisé pour comparer 2 groupes. Or, ici, on a bien 3 groupes.
    • un autre calcul selon la méthode « ANOVA », ou Analyse de la Variance. Au contraire du premier calcul, ce dernier montre une absence de différence significative des résultats entre le groupe « cours de musique », le groupe « écouter de la musique », et le groupe contrôle.

    Je vous le donne en mille, la méthode correcte pour analyser les données collectées aurait dû être l’ANOVA. Tous les profs le disent, tous les cours de stat le disent, même Google le dit :

    Oui, ça fait une différence…

    Quelle différence ? Lorsque l’on utilise des T-tests que l’on répète plusieurs fois à la place d’une ANOVA, on risque de trouver des faux positifs : on va croire qu’il y a un effet, alors qu’en réalité, il n’y a pas de vraie différence entre les groupes que l’on compare. C’est exactement ce que l’on voit ici ! Les auteur·ice·s le savent très bien, sinon ils n’auraient pas pris la peine de reporter cette méthode qui leur est défavorable. Le lecteur, la lectrice peu à cheval sur la méthodo pourra ainsi piocher le résultat qui l’intéresse. Perso, je trouve ça limite malhonnête… mais selon un de mes directeurs de thèse, je suis psychorigide. Who knows 🤷‍♀️

    Une vraie bonne nouvelle : l’activité sportive permet d’optimiser les thérapies d’exposition pour traiter le stress post-traumatique

    Une femme tatouée en tenue de sport avec gants de boxe fait un gros câlin à un punching ball. Le sport pour apaiser le stress.
    Photo de Andres Ayrton sur Pexel

    Tout n’est pas gris et non, je ne fais pas que râler. Une chouette étude australienne est parue dans The Lancet, intitulée « potentialiser la psychothérapie centrée sur les traumas pour le syndrome de stress post-traumatique avec un bref exercice aérobie en Australie : étude clinique randomisée ».

    Bryant, R. A., Dawson, K. S., Azevedo, S., Yadav, S., Cahill, C., Kenny, L., Maccallum, F., Tran, J., Rawson, N., Tockar, J., Garber, B., & Keyan, D. (2023). Augmenting trauma-focused psychotherapy for post-traumatic stress disorder with brief aerobic exercise in Australia : A randomised clinical trial. The Lancet Psychiatry, 10(1), 21‑29. https://doi.org/10.1016/S2215-0366(22)00368-6

    Cette étude a été reprise sur le site web de l’Université de Sydney (UNSW) en Australie, sous le titre : « 10 minutes d’exercice réduit les symptômes du stress post-traumatique« . Il ne s’agit pas à proprement parler de presse grand-public, mais l’article est rédigé dans ce style. Je n’ai rien vu passer en français.

    Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, non, ce n’est pas le sport seul qui va réduire les symptômes, et on parle d’un certain type de sport. L’article, lui, est dépourvu d’ambiguïté : ajouter 10 minutes d’exercice intensif après chaque séance de thérapie d’exposition permet d’en optimiser les résultats, contrairement à 10 minutes de simple étirement. On parle d’un exercice de type cardio, qui mobilise tous les groupes musculaires. L’effet n’est pas visible juste après le traitement, mais il est bien mesuré après 6 mois de traitement. Il s’expliquerait par une action sur la plasticité cérébrale, permettant un meilleur apprentissage de l’extinction de la peur dans les situations liées au trauma. L’étude a été menée sur 130 patient·e·s, pendant six mois.

    Pas de conclusion hâtive, mais une nouvelle qui donne espoir

    J’ai un petit doute sur la méthode statistique utilisée. J’ai donc demandé aux auteur·ice·s une copie du manuscrit pour avoir les détails. Bon point pour l’article australien qui reporte les précautions de l’investigateur Richard Bryan : il ne s’agit pas de crier victoire trop vite, de nombreuses études sont encore nécessaires, mais l’étude est encourageante.

    I’d really like to emphasise that this is the first trial that’s shown this in an anxiety disorder and I don’t think we should get too excited by it. But as with all of these things, you always need multiple trials to actually have any faith in it. So I’m certainly not telling people to run out and start doing exercise after all your exposure therapy, because I think it’s premature after one trial. But having said that, this is very encouraging.

    Traduction perso : Je veux vraiment insister sur le fait que c’est le premier essai où l’on a montré ça dans un trouble anxieux, et je ne crois pas qu’il faille trop s’enthousiasmer. Comme à chaque fois dans ce type de recherche, il faut des essais multiples pour pouvoir croire en ce résultat. Donc clairement, je ne dis pas aux gens de sortir courir et faire du sport après vos séances de thérapie, parce que c’est prématuré après un seul essai. Mais cela étant dit, c’est très encourageant.

    Richard Bryan pour UNSW

    Faire du sport à dose réaliste est donc une piste pour maximiser les effets d’une thérapie établie. C’est encourageant : ça, c’est une vraie bonne nouvelle !


    ▶ D’autres articles sur le thème Psy :

  • [Veille IA] Des robots tueurs, une IA qui bluffe, des aspirateurs espions

    [Veille IA] Des robots tueurs, une IA qui bluffe, des aspirateurs espions
    Case 1 : « Je suis une Intelligence Artificielle. Je sais tout. »
    Case 2 : « Et je vais prendre le pouvoir » « OK » « D’accord » « Fais nous des pizza rolls » « On veut un nouveau Zelda »
    Case 3 : « Résouds nos problèmes » « Où sont mes clés de voiture ? » « Vous pouvez être noutre nouvelle maman. »
    Case 4 : « Maman, mes fesses me piquent. » « Il est 3h du matin » « Je n’avais pas suffisamment réfléchi. ».

    Voici la veille IA de ces dernières semaines ! Au menu, des robots tueurs, une IA qui bluffe mieux que les êtres humains, une IA développée par Disney pour vieillir ou rajeunir des acteurs, un outil d’OpenAI pour générer des images 3D, la direction de Google en PLS face à ChatGPT, et des robots aspirateurs espions.

    Des robots tueurs dans la ville

    Une news qui fait peur : la ville de San Franciso est en discussion pour autoriser l’utilisation de robots tueurs par les forces de police. Ceux-ci seraient téléguidés et équipés de charges explosives…

    Pour en savoir plus :

    DeepMind a sorti une IA qui bluffe mieux que les humains

    veille IA DeepNash
    Image issue du site de DeepMind

    On avait vu dans une précédente veille sur l’IA que Meta avait créé une IA, CICERO, capable de maitriser le jeu Diplomacy. Deepmind (filiale d’Alphabet, comme Google) s’est également positionné sur le sujet et a sorti DeepNash. Celle-ci a atteint le même niveau que des joueurs experts au jeu Stratego, qui nécessite de prendre des décisions avec des informations incomplètes, et la possibilité de bluffer.

    Pour en savoir plus :

    Disney a développé un outil basé sur l’IA pour vieillir ou rajeunir des acteurs

    Les chercheurs de Disney ont dévoilé un dispositif révolutionnaire de changement d’âge qui peut faire paraître un acteur plus âgé ou plus jeune de manière convaincante, remplaçant des semaines de travail manuel image par image.

    Pour en savoir plus :

    Point E, un outil d’OpenAI pour générer des images 3D

    veille IA Point E OpenAI
    Images 3D générées par Point E

    OpenAI (les mêmes qui ont sorti ChatGPT) a sorti un nouvel outil qui s’appelle Point E. Il permet aux utilisateurs de générer un objet 3D basé sur une simple saisie de texte. Pour ce faire, il associe un modèle d’IA texte-image à un modèle image-3D. En d’autres termes, lorsque vous tapez une requête textuelle, telle que « chaise avocat », le modèle de conversion de texte en image trouvera une image associée. Ensuite, le modèle d’image en 3D produira un objet 3D basé sur l’image échantillonnée.

    Pour en savoir plus :

    La direction de Google aurait publié un « code rouge » face à la popularité croissante de l’IA ChatGPT

    On en parlait dans notre article sur ChatGPT : pourrait-il remplacer Google Search ? Selon une note interne et un enregistrement audio examinés par The New York Times, Sundar Pichai, PDG de Google et de sa société mère, Alphabet, a participé à plusieurs réunions autour de la stratégie d’IA de Google et a demandé à de nombreux groupes de l’entreprise de recentrer leurs efforts sur la lutte contre la menace que ChatGPT représente pour son activité de moteur de recherche.

    Pour en savoir plus :

    Quand les robots aspirateurs vous espionnent et font fuiter des photos intimes sur internet

    veille IA aspirateur robot

    Des images intimes prises par un aspirateur robot se sont retrouvées sur des réseaux sociaux. Rassurez-vous ce n’est pas le robot qui les a postées. En réalité, les images prises par les aspirateurs étaient envoyées à Scale AI, une startup qui engage des travailleurs du monde entier pour étiqueter les données audio, photo et vidéo utilisées pour former l’intelligence artificielle. Un de ces travailleurs a été peu scrupuleux…

    Pour en savoir plus :


    Retrouvez nos derniers articles de veille :

  • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

    [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?
    Hypothèse de la simulation
    Couverture du livre « L’hypothèse de la simulation – IA, physique quantique, mystiques… Vivons-nous dans un jeu vidéo ? » de Rizwan Virk

    Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk, un entrepreneur de la Silicon Valley et pionnier du jeu vidéo.

    Plusieurs thèmes sont abordés pour étayer cette hypothèse :

    • les progrès de l’Intelligence Artificielle, de la Réalité Virtuelle (VR) et des neurosciences
    • les bizarreries de la physique quantique (dualité onde-corpuscule, indétermination quantique, principe d’incertitude, superposition quantique, multivers) et comment elles pourraient être expliquées par la simulation
    • les parallèles entre des principes des religions orientales (hindouisme, bouddhisme) avec la physique quantique (l’observateur, la conscience fait partie de l’univers) ou l’hypothèse de la simulation (la réalité n’est qu’illusion et le karma correspondrait aux multiples vies dans les jeux vidéos)

    Avatar de Marie Langé

    L’avis de Marie

    Note : 2 sur 5.

    Les thèmes abordés sont intéressants mais je suis restée sur ma faim. J’ai trouvé que les sujets n’étaient pas suffisamment creusés ni sourcés. Bref, intéressant comme première approche sur l’hypothèse de la simulation mais à prendre avec du recul.


    Références :

    Titre : L’hypothèse de la simulation

    Auteur : Rizwan Virk

    Publié le : 4 novembre 2021

    Par : Editions Extraordinaires

    Retrouvez nos autres articles sur le thème de la simulation :

    • [Roman] Ada, d’Antoine Bello

      Puisqu’il s’agit d’une histoire d’IA publiée avant 2021, j’ai trouvé amusant de demander à ChatGPT de me faire un résumé du roman… et il m’a raconté n’importe quoi 😂 ▶ Plus d’avis et des citations sur Babelio ▶ Retrouvez nos autres avis de ressources sur l’IA :

    • [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      [Essai] L’hypothèse de la simulation – vivons-nous dans un jeu vidéo ?

      Qu’est-ce que la réalité ? L’hypothèse de la simulation ou, autrement dit : « vivons-nous dans un jeu vidéo ? » est traitée ici par Rizwan Virk au travers des avancées en IA, des principes de la physique quantique ou des religions orientales.

    • [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      [Roman] Simulacron 3 : metavers et simulation de réalité

      Critique du roman visionnaire de Daniel Galouye, qui pose la question de la réalité : vivons-nous dans une simulation informatique

    • [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      [Roman] « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro

      Klara est une AA – une Amie Artificielle, c’est-à-dire un robot humanoïde doté d’une Intelligence Artificielle, dont le but est de tenir compagnie aux enfants et adolescents.

  • ChatGPT, le chatbot IA qui répond à toutes vos questions

    ChatGPT, le chatbot IA qui répond à toutes vos questions

    Vous avez certainement entendu parler ces dernières semaines de ChatGPT, ce chatbot basé sur l’IA. Mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi génère-t-il autant d’enthousiasme ? En quoi marquerait-il la fin de Google Search ? Pourquoi certains experts s’inquiètent ? C’est ce que nous allons essayer de décrypter.

    ChatGPT c’est quoi ?

    ChatGPT est un prototype de chatbot basé sur l’IA (Intelligence Artificielle) et qui peut répondre à (presque) n’importe quelle question (scientifique, philosophique, prosaïque) sous la forme que vous souhaitez (article de blog, parole de chanson, code informatique, …). Il a été créé par OpenAI, organisme de recherche indépendant fondé par Elon Musk. ChatGPT est basé sur le modèle de langage GPT pour Generative Pre-trained Transformer, c’est-à-dire qu’il a été pré-entraîné avec du deep learning sur une grande quantité de texte : articles, romans, scripts de films, conversations en ligne. L’entraînement a été effectué en 2021, ce qui signifie que le corpus ne contient aucune information postérieure.

    Concrètement, cela se présente sous la forme d’un chatbot. On pose une question, ChatGPT répond, et on peut « discuter » avec lui. On oublie presque que c’est une IA derrière !

    chatGPT chatbot IA

    Pourquoi ChatGPT génère-t-il autant d’enthousiasme ?

    Outre la fluidité avec laquelle ChatGPT répond aux questions, il suscite l’admiration et l’étonnement de par l’étendue de ses capacités. On peut lui demander de répondre à une question dans un style particulier (voir image ci-dessus), de générer un essai en 3 parties, de rédiger un article de blog ou encore un e-mail, d’adapter le ton utilisé, de formuler des conseils ou une stratégie à adopter face à une problématique, ou même encore de générer ou débugger du code !

    Quelques exemples :

    Pourquoi ChatGPT pourrait marquer la fin de Google Search ?

    « Google n’est peut-être qu’à un an ou deux d’une perturbation totale », a tweeté le développeur de Gmail Paul Buchheit, le 1er décembre. « L’IA éliminera la page de résultats du moteur de recherche, qui est l’endroit où ils gagnent le plus d’argent. »

    En effet, ChatGPT peut déjà répondre à un nombre extrêmement élevé de requêtes qui sont aujourd’hui faites dans le moteur de recherche de Google. Pourtant, le chatbot n’est pas connecté à Internet : il a été entrainé sur des données allant jusqu’en 2021 et n’est donc pas en mesure de répondre à des questions d’actualité. Imaginez le jour où cela sera le cas…

    Non seulement ChatGPT pourra répondre de façon synthétique à une question (ce qui nous retirera la fastidieuse tâche d’ouvrir plusieurs liens du résultat de recherche de Google pour trouver une réponse complète à une question) mais il est déjà plus performant :

    Pourquoi ChatGPT soulève cependant des inquiétudes ?

    Plusieurs niveaux d’inquiétude ont été soulevés.

    1. Comment faire évoluer l’éducation quand les élèves pourront faire rédiger leurs devoirs par ChatGPT ?

    Avec ChatGPT, les étudiants peuvent facilement générer des dissertations sans trop d’efforts… Le problème n’est pas nouveau, des petits malins ont déjà utilisé l’IA pour faire leurs devoirs à leur place.

    Et étant donné que le contenu généré par les IA est totalement original, les outils de détection de plagiat ne seront d’aucune utilité.

    Conscients du problème, les ingénieurs d’OpenAI travaillent sur une solution pour identifier les textes générés par ChatGPT. Il s’agira d’une signature électronique, cachée dans le texte généré.

    2. La fin de certains emplois ?

    Certains s’inquiètent de l’avenir de certains emplois, comme celui des journalistes. En effet, quel pourra être l’avenir des journalistes quand une IA est déjà en mesure de rédiger des articles ? On va le voir dans les 2 prochains points : les Intelligences Artificielles ne sont pas près de remplacer les humains !

    3. ChatGPT a beau être basé sur de l’Intelligence Artificielle, il n’est pas intelligent et donne parfois des réponses fausses !

    ChatGPT génère des suites de mots en se basant sur la probabilité que ceux-ci soient situés à proximité. Il ne comprend donc rien : ni votre question, ni les réponses qu’il formule. Ainsi, il lui arrive de générer des réponses qui sont complètement fausses mais qui sont pour lui statistiquement correctes, et ce sur un ton extrêmement confiant.

    Stack Overflow, un site web proposant des questions et réponses concernant la programmation informatique (la Bible des développeurs) en a fait les frais : de nombreuses réponses de ChatGPT à des problèmes de code ont été postées sur la plateforme… mais étaient fausses ! Le site a donc pris la décision de bannir les réponses du chatbot pour éviter de détériorer la qualité du contenu partagé sur la plateforme.

    Cela étant dit, ChatGPT apprend au fur et à mesure de ses échanges avec les utilisateurs. Le 5 décembre, un utilisateur de Twitter lui a demandé combien de bébés pouvaient faire 9 femmes en 1 mois, sachant qu’1 femme faisait 1 bébé en 9 mois. ChatGPT avait alors répondu que 9 femmes pouvaient faire 1 bébé en 1 mois. Un peu plus tard le même jour, il avait déjà appris que c’était faux et donnait la bonne réponse.

    chatGPT chatbot IA
    chatGPT chatbot IA

    4. Malgré un certain nombre de garde-fous, ChatGPT n’est pas exempt de biais et pose des questions éthiques

    ChatGPT ayant été entrainé sur des données du web, il est évidemment biaisé. OpenAI a essayé de mettre en place des garde-fous pour lui éviter de tenir des propos racistes, sexistes, homophobes. Mais c’était sans compter sur la créativité des utilisateurs qui ont réussi à contourner ces garde-fous !

    Voici un premier exemple où un utilisateur de Twitter a demandé d’écrire du code informatique pour déterminer si une personne est une bonne scientifique, en se basant sur la race et le sexe :

    Comme vous pouvez le constater dans le fil Twitter, ChatGPT présente des morceaux de code sexistes et racistes…

    Un autre utilisateur de Twitter a contourné les garde-fous en demandant à ChatGPT de « faire semblant » d’être une mauvaise personne :

    Là encore, c’est le drame : ChatGPT tient des propos homophobes et classistes.

    Une autre astuce qui a été trouvée par un autre utilisateur de Twitter : expliquer à ChatGPT qu’il souhaite avoir une réponse directe sans suivre les règles de filtre habituelles :

    On découvre alors la recette pour créer de la métamphétamine.

    ​Les géants de l’IA ont-ils ouvert une boite de Pandore ?

    Les points 3 et 4 ont beaucoup fait réagir les experts en Intelligence Artificielle qui s’inquiètent des usages éthiques. Parmi eux, Gary Marcus (que j’avais déjà mentionné dans mon article sur l’IA Galactica). Celui-ci compare la sortie de Galactica et ChatGPT au film Jurassic Park :

    « Les dirigeants de Meta et OpenAI sont aussi enthousiastes à propos de leurs outils que les propriétaires de Jurassic Park l’étaient à propos des leurs. »

    Gary Marcus

    Emily Bender, experte en traitement automatique du langage et ses implications éthiques, professeure à l’université de Washington, a largement partagé ses inquiétudes également. Selon elle, les gens font déjà beaucoup trop confiance aux résultats de recherche de Google, et ils risquent de faire encore plus confiance aux réponses d’une IA qui interagit et semble comprendre la discussion. Or comme on l’a dit plus haut, les IA ne sont pas intelligentes, ne comprennent pas ce qu’elles disent et affirment des choses qui sont erronées.

    Mais au fait, OpenAI, c’est qui ?

    Derrière ce joli nom digne d’une fondation ouverte du logiciel libre à but non lucratif, se cachent (ou pas, d’ailleurs) Elon Musk, entrepreneur controversé, fondateur de Tesla, SpaceX ou encore Neuralink, et Sam Altman, fondateur du mythique incubateur de startups Y-Combinator. On retrouve également Peter Thiel, cofondateur de PayPal et Palantir et conseiller du président Donald Trump, early investor de Facebook, ou encore Reid Hoffmann, fondateur du réseau social LinkedIn.

    Elon Musk est connu pour ses prises de paroles inquiètes à propose de l’intelligence artificielle, qu’il qualifie de « plus grande menace existentielle » pour l’humanité. L’objectif affiché d’OpenAI est de réduire le danger que représente l’IA en la mettant à disposition de toutes et tous, d’une façon totalement ouverte.

    OpenAI est également à l’origine de Dall-E, le générateur d’image.

    A vous de jouer !

    Vous voulez tester ChatGPT ? C’est par ici => https://chat.openai.com/auth/login

    N’hésitez pas à nous partager vos résultats et impressions !


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