Pourquoi des femmes en sciences cognitives ?

Du 13 au 19 mars 2023 aura lieu la Semaine du Cerveau, événement national de vulgarisation scientifique. En parallèle, La Casemate – Territoire de Sciences, établissement de culture scientifique grenoblois, organise tous les ans un marathon d’édition Wikipédia visant à augmenter la visibilité des Femmes de Science dans l’encyclopédie, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Cette année, les efforts se combinent pour proposer une soirée-marathon d’édition Femmes de Tête, le jeudi 16 mars. Mais au fait, pourquoi se prendre la tête sur ce sujet ?

Bannière du marathon d'édition Wikipédia Femmes de sciences cognitives

Les femmes scientifiques sont peu ou mal représentées dans les médias grand public

Les femmes scientifiques ont une présence moins importante dans Wikipédia, mais aussi dans les médias, elles sont souvent peu ou mal citées, même lorsque leur recherche est présentée.

Par exemple, dans cet article de Sciences et Avenir, qui présente une étude menée par Laurie Bayet principalement (première autrice), on mentionne « des chercheurs du laboratoire de psychologie et neurocognition de l’UGA » et « une équipe de recherche française ». Le nom de la chercheuse n’est mentionné que pour légender le graphique tout en bas de l’article. Or, cette non-représentation peut être un frein au choix de carrières scientifiques pour les jeunes femmes.

Vous avez gagné un portrait de Laurie Bayet recevant une récompense, le Distinguished Early Career Contributions Award de l’International Congress of Infant Studies ! Yay \o/

C’est un fait qui est clairement identifié. Si vous voulez creuser le sujet, voilà un peu de lecture et encore de la lecture. Heureusement, des plateformes commencent à prendre le sujet à bras le corps. Vous cherchez des expertes à solliciter dans un média ? Il y en a quelques-unes par ici (pas seulement propre au domaine scientifique).

Les spécificités des femmes sont moins étudiées en science, et donc moins bien prises en charge : l’exemple de l’autisme au féminin

Pourtant, l’équilibre des sexes et des genres dans la population des chercheur-ses contribuerait à une meilleure complétude de la recherche. Prenons l’exemple de l’autisme. On rapporte souvent un ratio de 1 femme pour 4 hommes, or cette méta-analyse indique un ratio probablement plus proche de 1 pour 3, indiquant un risque pour des femmes de ne pas recevoir diagnostic et aide associée. Adeline Lacroix, que nous recevrons lors de la soirée d’édition Wikipédia du 16 mars, s’intéresse notamment à la question du genre dans l’autisme car en recevant son propre diagnostic, elle a pris la mesure du manque de données scientifiques concernant l’autisme chez les femmes.

Vous avez gagné une vidéo sur Adeline Lacroix qui explique les différences de genre dans l’autisme pour le Centre de Ressources Autisme Ile-de-France CRAIF. A paraître, Autisme au féminin, Approches historique et scientifique, regards cliniques, aux Presses de l’UGA, en prévente à la Fnac, Amazon, etc

Cet article tout récent de Nature pointe le besoin d’accorder plus d’importance à la fois au sexe et au genre dans l’étude des troubles neurodéveloppementaux tels que l’autisme (au passage, les deux autrices de ce blog sont sur le spectre ; ce blog est juste une façon discrète de faire de l’info-dump sur nos intérêts spécifiques communs…).

Attention, je ne parle pas ici d’étudier le neuromythe du cerveau genré, qui a été rejeté maintes et maintes fois par la science, mais bien du fait que les données scientifiques sont collectées sur des hommes uniquement, et les résultats obtenus, par exemple l’efficacité d’un traitement médical, sont généralisés aux hommes et aux femmes. La recherche médicale est inégalitaire et sexiste.

Le constat est le même pour les minorités ethniques

Les personnes noires sont à la fois moins présentes dans les métiers de la recherche, moins représentées dans les médias scientifiques, et moins susceptibles d’être intégrées à des études en tant que sujet. Pour ce dernier point, une des raisons invoquées est… la flemme. Ou, pour reformuler, l’incompatibilité des méthodes de mesures existantes (EEG, NIRS) avec les coiffures, le type de cheveux, ou la couleur de peau (AKA la flemme d’adapter les méthodes existantes). Cet article de Nature explique très bien le problème, et pourquoi il est urgent de le prendre à bras le corps.

Exemple d’électrodes en cours de développement, permettant la collecte de données électrophysiologiques pour des personnes à cheveux foncés et épais. Plus d’infos ici dans un article de vulga en anglais, et ici pour la publi scientifique.

D’ailleurs, ce biais ethnique se niche également au sein de la recherche portant sur les femmes, comme le montre cette étude sur les biais raciaux dans la recherche sur le cerveau dans la maternité.

Plus de femmes en science, c’est une meilleure science pour la moitié de l’humanité

Voici un autre exemple dans Nature où ce sont des femmes (dont Annemarie Schumacher Dimech) qui sont à l’origine de recherches SUR les femmes.

Plus de femmes en science, c’est une meilleure recherche pour tout le monde, et donc un meilleur accès aux soins. Plus de diversité en science, c’est une meilleure science au service de l’humanité, plus imaginative, plus solidaire, plus précise, plus adaptée. Si vous ne me croyez pas, même Nature le dit.

Réduisez les inégalités, rejoignez l’éditathon en ligne

Ca vous a convaincu-e ? Vous avez envie de faire bouger les lignes ? Si vous êtes journaliste, vous pouvez mettre en avant les travaux des femmes de science, en les nommant. Sinon, vous pouvez rejoindre ce marathon d’édition Wikipédia. Il aura lieu en présentiel à Grenoble le 16 mars mais aussi toute la semaine, en ligne. Plus d’information sur la page du projet ici, et un petit tuto pour créer votre compte de wikipédien-ne là.

Et bien sûr, si vous avez des questions, vous pouvez les poser en commentaire sous l’article !

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