Fusionner des cellules cérébrales avec une IA, le projet fou d’une équipe financée par le gouvernement australien

Une équipe australienne obtient un financement de 600 000 dollars pour fusionner les cellules cérébrales humaines avec l’IA. L’équipe est celle-là même qui avait créé l’an dernier DishBrain, un amas de cellules capable de jouer à Pong et qui semblait pourvu de sentience. Souvenez-vous, on vous en avait parlé ici. L’idée est de créer des ordinateurs biologiques programmables. Ca fait flipper ou ça fait flipper ?…

Image agrandie d’un organoïde de cerveau produit dans le laboratoire de Thomas Hartung, coloré pour montrer les neurones en magenta, les noyaux cellulaires en bleu et les autres cellules de soutien en rouge et vert.
JESSE PLOTKIN/JOHNS HOPKINS UNIVERSITY récupérée sur Sciences et Avenir

Résoudre le problème de « l’oubli catastrophique »

D’après l’équipe de recherche, l’intérêt d’une telle IA serait de pouvoir apprendre tout au long de sa vie. En effet, les réseaux de neurones artificiels souffrent de ce que l’on appelle « l’oubli catastrophique ». En gros, une IA se spécialise souvent sur un type de tâche, alors que notre cerveau à nous est capable d’une grande variété d’actions. A la fin d’une tâche et avant d’en apprendre une nouvelle, notre cerveau sait quelles synapses préserver pour continuer à « savoir faire », alors que les réseaux de neurones artificiels remploient arbitrairement certaines de leurs parties tout en en oubliant d’autres, limitant ainsi leur capacité à généraliser et à maintenir une performance équilibrée sur diverses tâches. Ce n’est pas la première fois que des chercheurs en IA souhaitent s’inspirer du cerveau humain pour contrer l’oubli catastrophique des machines. Par exemple, en 2021, une équipe du CNRS proposait une solution ici (article en français, plus ou moins grand public et ici l’article scientifique dans Nature Communications en anglais). Cette solution française était 100% artificielle.

L’émergence de l’intelligence organoïde ultra-efficace

« Intelligence organoïde », c’est le terme proposé par les équipes de recherche de la Johns Hopkins University, une des plus prestigieuses universités américaines, connue pour son excellence en recherche, en particulier dans le domaine de la médecine, pour désigner l’utilisation de cellules biologiques pour créer des intelligences artificielles. Pour eux, l’enjeu majeur est plutôt celui de la consommation énergétique. Et pour cause : pour réaliser un calcul de 1 exaflop, il faut un superordinateur de 21 mégawatts. Un cerveau humain peut faire le même calcul, avec seulement 20 watts. C’est pourquoi ils ont lancé dans la revue Frontiers in Science (en anglais) un appel à la collaboration scientifique, pour transformer ce concept en réalité. Les difficultés à surmonter sont :

  • les défis biologiques : développer des organoïdes cérébraux actuels en structures 3D complexes et durables, les connecter à des dispositifs d’entrée et de sortie de nouvelle génération,
  • les défis informatiques : nouveaux modèles, algorithmes et technologies d’interface pour communiquer avec les organoïdes cérébraux, comprendre leur processus d’apprentissage et de calcul, ainsi que traiter et stocker les énormes quantités de données qu’ils généreront,
  • et bien sûr, les défis éthiques : une approche d’éthique intégrée impliquant des équipes interdisciplinaires composées d’éthiciens, de chercheurs et de membres du public qui identifient, discutent et analysent les problèmes éthiques, puis fournissent des retours pour orienter les futures recherches et initiatives.

Un financement militaire

Le financement obtenu émane de l’ONI et du NSSTC, deux organes du gouvernement australien, qui espère en tirer un positionnement privilégié sur ces technologies. Le NSSTC ou « National Security Science and Technology Centre » (Centre de science et de technologie pour la sécurité nationale), est une initiative de recherche gérée par l’organisme de recherche et de développement de la défense australien, le « Defence Science and Technology » (DST). Ce centre se concentre sur la recherche et le développement de technologies liées à la sécurité nationale, notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité intérieure et de la gestion des crises. L’Office of National Intelligence (ONI) est l’agence centrale responsable de la coordination et de l’intégration du renseignement à l’échelle nationale. Son rôle principal est de fournir des évaluations et des analyses de renseignement pour soutenir les politiques de sécurité nationale et les décisions du gouvernement australien.

La vidéo de la « créature » qui joue à Pong

Article en anglais sur le site du Guardian (grand public)

Et quelques liens en français, un peu confidendiels (désolée, je n’ai pas trouvé mieux) :

Dans cet article, ChatGPT a été utilisé pour générer des descriptions du NSSTC et de l’ONI et résumer une partie de l’article Frontiers in Science.

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