La question de la conscience chez les animaux continue de susciter des débats et des recherches. Voici deux nouvelles qui mettent en lumière les avancées dans ce domaine.
La déclaration de New York sur la Conscience Animale continue d’alimenter le débat
Une déclaration, initialement signée par trente-neuf scientifiques et philosophes (notons parmi les expert-e-s de la conscience : David Chalmers, que l’on avait deja cite ici, Christof Koch, Liad Mudrik, Lucia Melloni, Anil Seth, ou encore Nathan Faivre), met en avant l’idée que non seulement tous les vertébrés, mais également certains invertébrés, pourraient être conscients. La New York Declaration on Animal Consciousness, dévoilée à l‘Université de New York, s’appuie sur des preuves scientifiques solides affirmant que les mammifères non-humains et les oiseaux ressentent et sont conscients de la douleur, du plaisir et de la peur.
Que dit cette déclaration ?
Elle est breve, je la traduis donc ici dans son integralite :
« Quels animaux ont la capacité d’avoir une expérience consciente ? Bien que de nombreuses incertitudes subsistent, certains points font l’objet d’un large consensus.
Premièrement, il existe un fort soutien scientifique pour attribuer l’expérience consciente aux mammiferes, ainsi qu’aux oiseaux.
Deuxièmement, les preuves empiriques indiquent qu’il existe au moins une possibilité réaliste d’expérience consciente chez tous les vertébrés (y compris les reptiles, les amphibiens et les poissons), ainsi que chez de nombreux invertébrés (notamment, au minimum, les mollusques céphalopodes, les crustacés décapodes et les insectes).
Troisièmement, lorsqu’il existe une possibilité réaliste d’expérience consciente chez un animal, il est irresponsable d’ignorer cette possibilité dans les décisions qui concernent cet animal. Nous devrions prendre en compte les risques pour son bien-être et utiliser les preuves pour éclairer nos réponses à ces risques. »
The New York Declaration on Animal Consciousness
April 19, 2024 | New York University
Là où la déclaration innove, c’est en considérant que la sentience pourrait s’étendre à tous les vertébrés – reptiles, amphibiens, poissons – mais aussi à certains invertébrés, notamment les insectes, les céphalopodes (comme les pieuvres) et les décapodes (comme les crabes et les homards). Des observations telles que des abeilles s’engageant dans des comportements de jeu viennent étayer ces hypothèses.
Quel est le débat ?
Pourquoi reparler maintenant de cette nouvelle qui date du mois d’avril ? Parce qu’un autre scientifique, Hakwan Lau, chercheur en neurosciences cognitives, a publié un billet mettant en doute l’étayage scientifique de cette déclaration. L’auteur dit qu’affirmer que les oiseaux et autres mammifères possèdent une conscience phénoménale repose sur des preuves encore insuffisantes et risque de donner l’impression que nous pouvons déjà la mesurer de manière fiable. Un tel consensus prématuré pourrait freiner les progrès dans l’évaluation de la conscience animale. De plus, ces déclarations peuvent induire en erreur le grand public et compliquer le financement de certaines recherches.
Pour ma part, je ne suis pas du tout convaincue par ce dernier billet. Il est important de rappeler que la question de la conscience, qu’elle soit humaine ou animale, échappe de toute facon encore à une définition et à une mesure parfaitement objectives. Si Hakwan Lau estime que les preuves pour soutenir l’existence d’une conscience phénoménale chez les oiseaux et autres mammifères sont insuffisantes, il faut reconnaître que même la conscience humaine repose sur des éléments subjectifs que la science peine à « prouver » de manière absolue. En réalité, ce que nous savons de la conscience humaine découle largement d’une expérience introspective, difficilement vérifiable par des tiers. Si l’on applique un scepticisme similaire à la conscience animale, ne devrait-on pas également mettre en doute notre propre expérience subjective ?
Par ailleurs, en neuroscience et en psychologie, de nombreuses théories sur la conscience humaine s’appuient sur des marqueurs indirects, tels que l’activation cérébrale, les comportements observables, ou des indices comportementaux, plutôt que sur des preuves définitives. Appliquer ces méthodes aux animaux pour inférer une forme de conscience, même si cela reste un terrain spéculatif, ne diffère pas fondamentalement de la manière dont nous construisons nos certitudes sur la conscience humaine.
Si vous avez une expertise sur la question de la conscience, vous pouvew demander a ajouter votre signature a la declaration ici.
Laurent Bègue-Shankland, Lauréat du Prix Émile Girardeau 2024 pour « Face aux Animaux »
Le Prix Émile Girardeau 2024, décerné par l’Académie des Sciences Morales et Politiques de l’Institut de France, a été attribué à Laurent Bègue-Shankland, professeur à l’Université Grenoble Alpes, pour son ouvrage « Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences » publié aux éditions Odile Jacob en 2022.
Cet ouvrage explore le lien complexe et ambivalent que nous entretenons avec les animaux. Fascination, crainte, affection : notre relation aux animaux est tissée d’émotions contradictoires, comme le décrit l’auteur à travers une fresque nourrie de connaissances en sociologie, psychologie et éthologie.
Le livre prend notamment un détour interessant en revisitant l’expérience de Stanley Milgram, célèbre pour son étude sur la soumission à l’autorité. Laurent Bègue-Shankland l’adapte en un contexte animalier : des participants, confrontés à une situation où ils doivent « porter atteinte » à un animal (en réalité un robot), permettent de mieux comprendre les mécanismes d’empathie et les circonstances qui favorisent son érosion.
En recevant ce prix, l’auteur a tenu à dédier cette distinction « à celles et ceux dont les choix économiques quotidiens n’alimentent pas l’exploitation animale. » Une reconnaissance qui fait écho à l’urgence de reconsidérer notre lien avec les animaux dans notre société moderne.
Ces nouvelles montrent combien notre compréhension et notre considération envers les animaux évoluent. De la reconnaissance de la conscience chez les plus petits organismes à la mise en lumière de nos préjugés et ambivalences, ces initiatives poussent la réflexion éthique plus loin et ouvrent la voie à une coexistence plus respectueuse. Qu’en pensez-vous ? L’heure est-elle venue de réévaluer nos comportements et politiques vis-à-vis du monde animal ? Partagez votre avis ci-dessous !
Article redige avec l’aide de ChatGPT
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