L’actu de départ : la startup australienne CorticalLabs affirme avoir appris à un amas de cellules à jouer à Pong, le célèbre jeu vidéo rétro. L’étude scientifique a été publiée ici, dans l’excellente revue Neuron, pour celleux qui lisent l’anglais scientifique. Le magazine Science et Avenir relate cette prouesse en français.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Cet « amas», ce « blob », comme on dirait en anglais, est constitué de cellules nerveuses organisées en un système biologique. Dans le cas le plus simple, un système de ce type s’appelle un organoïde. Lorsque des organoïdes sont rassemblés, organisés en 3D, et constitués différents types de cellules, on peut parler également d’assembloïde. Dans le cas qui nous occupe, on a un mini-organe simplifié : un mini-cerveau. Sur le même principe, on peut réaliser aussi des mini-foies, des mini-cœurs…Si vous voulez en savoir plus :
- le poster suivant explique la formation de différents types d’assembloïdes, et ce à quoi ils peuvent servir ;
- cet article de Nature proposait en septembre dernier quelques clarifications sur ces différents types d’assembloïdes et leur classification ;
- ce récap, toujours dans Nature, raconte la genèse de ce type de recherches.
Mais si ces organoïdes, petits cerveaux de synthèse, sont capables de percevoir et traiter l’information de leur environnement pour y répondre par un comportement apparemment intelligent… pourraient-ils avoir une conscience ? Pourraient-ils souffrir ? De toutes nouvelles questions éthiques se posent, et certains scientifiques ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Par ailleurs, pour créer des organoïdes, il faut des cellules. Ces cellules sont aujourd’hui fournies gracieusement par des donneuses, des donneurs qui pourraient s’opposer à l’idée que l’on crée à partir d’eux-mêmes des créatures, si ce n’est conscientes, du moins sentientes.
La revue de littérature scientifique suivante propose de récapituler l’ensemble des questionnements éthiques liés à la création d’organoïdes, et consacre un chapitre entier au cas particulier des mini-cerveaux. Les organoïdes cérébraux sont capables de s’organiser et, entre autres, d’avoir in-vitro une activité électrique spontanée comparable à celles de bébés prématurés. Quel statut moral devrions-nous leur accorder ? Quelles seraient les expérimentations conformes à l’éthique ? Comment mesurer un niveau de douleur « acceptable » ? Si ces organoïdes pouvaient acquérir un statut moral, les donneur-ses pourraient-ils retirer le consentement qu’ils ont donné pour continuer les expériences ?
C’est ainsi que des scientifiques se penchent maintenant sur des tests standardisés pour « mesurer la conscience »… ce qui fera l’objet d’une autre revue !
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